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Société

Un étudiant sur deux se sent en insécurité face aux violences sexuelles dans son établissement

Des étudiants manifestent devant l'Institut d'études politiques ("Sciences Po") pour dénoncer les violences sexistes et l'inaction de l'administration, à Strasbourg, le 12 février 2021. (photo d'illustration)

Des étudiants manifestent devant l'Institut d'études politiques ("Sciences Po") pour dénoncer les violences sexistes et l'inaction de l'administration, à Strasbourg, le 12 février 2021. (photo d'illustration) - FREDERICK FLORIN / AFP

Dans son baromètre 2023, l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur pointe notamment la difficulté pour les victimes de parler de leur agression auprès des établissements.

"La méconnaissance du sujet est grande et les violences toujours aussi présente", déplore Gaëlle Berton, secrétaire générale de l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur, dans un entretien accordé à Libération.

Ce mardi, l'organisme publie un baromètre montrant les répercussions psychologiques et scolaires chez les victimes de violences.

Sentiment d'insécurité

Pour son enquête, l'observatoire a interrogé plus de 10.000 étudiants en France. Pour 43% d'entre eux, leur établissement ne fait pas assez pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Ainsi, plus d'une personne sur deux déclare ressentir une insécurité au regard de ces violences sur son lieu d'études.

Gaëlle Berton déplore notamment le manque d'accès à un dispositif adapté pour témoigner: dans 10% des cas, aucune structure n'existe. Toutefois, 35% des interrogés ne savaient pas qu'il existait un tel dispositif dans leur établissement.

Manque de soutien psychologique ou juridique

Comme le rappelle Libération, depuis 2020, les cellules de veille et d'écoute sont obligatoires sur les lieux d'études. Malgré cela, seules 12% des victimes de viols vont parler à leur établissement.

"Beaucoup pensent que leur témoignage ne va pas être pris au sérieux, certaines ne savent pas à qui s'adresser tandis que d'autres craignent la réaction de l'établissement ou de l'auteur des faits", explique Gaëlle Berton.

Parmi les personnes ayant interpellé leur établissement, une sur trois dit ne pas avoir reçu de soutien psychologique ou juridique tandis qu'une sur quatre ne s'est pas vue proposer de déclencher une procédure disciplinaire.

Éviter l'agresseur

Être victime d'agression sexuelle entraîne souvent le développement de stratégies d'évitement pour ne pas croiser l'agresseur. Ainsi, l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur révèle que 14% des victimes de viol disent avoir voulu changer ou avoir changé d'établissement.

Selon Gaëlle Berton, cela s'explique par "la longueur de la procédure administrative et l'absence de mesures conservatoires mises en place par les directions dans l'attente des conclusions d'une enquête administrative afin d'éloigner la victime de la personne incriminée".

En outre, 13% de ces victimes ont même pensé à arrêter totalement leurs études. En effet, 77% des victimes se sont senties tristes ou déprimées, 50% ont vu leur santé physique ou sommeil affectés et 48% se sont senties seules ou isolées.

L'Observatoire affirme que les établissements d'enseignement supérieur ne sont pas nécessairement propices à la reconstruction après des violences et que les conséquences sur la scolarité ne sont pas assez prises en compte.

Salomé Robles