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Un "choix de société": face aux imprudences, vers la fin de la gratuité du secours en montagne?

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Le ministre François-Noël Buffet a estimé que ce principe de gratuit pourrait subir "quelques exceptions". Une proposition qui divise les pratiquants de la montagne.

À plus de 2.000 mètres d'altitude, en short et en basket dans la neige, un homme est évacué en hélicoptère par le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) des Hautes-Pyrénées. Ces images ont fait beaucoup réagir et ont relancé un débat récurrent: le sauvetage de cet amateur de trail aurait-il dû être payant?

Pour le gouvernement, c'est une possibilité. Le mois dernier, François-Noël Buffet, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, estimait auprès de France Bleu Pays de Savoie que ce principe de gratuité pouvait "subir quelques exceptions" pour les plus imprudents.

"Il n'y a pas de tabou (...). Je crois que c'est un principe inconditionnel, mais c'est un principe qui peut subir quelques exceptions", avait-il ainsi déclaré.

Un "choix de société"

Cette proposition divise les skieurs. "À mon avis, le secours en montagne doit être payant afin de responsabiliser les gens", réagit auprès de BFMTV une skieuse dans la station de Superbagnères, dans les Pyrénées. "Le secours ça reste indispensable et je pense que ça doit rester gratuit", estime un autre.

"Ne sacrifions pas notre modèle de secours, gratuit et pour tous, sur l’autel de l’irresponsabilité de quelques-uns", déclare pour sa part au Dauphiné Libéré Éric Fournier, le maire de Chamonix (Haute-Savoie).

Selon lui, faire payer le secours en montagne contrevient "à notre système de solidarité" dans lequel on intervient "sans discrimination, ni hiérarchisation des responsabilités". "La gratuité des secours en montagne est un choix de société qu’il faut maintenir", juge-t-il.

"Si on commence à se positionner sur les secours payants, vous aurez tout un tas de personnes qui n'iront plus en montagne parce qu'elles n'auront pas les moyens de se payer 'les assurances' qui vont permettre de couvrir les secours héliportés. Remettre en cause la gratuité des secours, c'est remettre aussi en cause l'attractivité de la montagne", estime auprès de France Bleu le président du club alpin de Toulouse.

Comment juger l'imprudence?

La question reste également de savoir comment juger l'imprudence ou l'irresponsabilité. En outre, certains pratiquants de la montagne s'interrogent sur la suite: faudra-t-il étendre cette fin de gratuité à d'autres lieux comme le secours en mer, sur les routes ou alors à l'ensemble du territoire?

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Comme le rappelle France Bleu, en montagne, un secours médicalisé est payant, alors qu'un secours non médicalisé reste souvent gratuit. Même lorsqu'une intervention nécessite l'envoi d'un hélicoptère, sans médecin à bord, le secours héliporté n'est pas facturé en France. À l'inverse, dans d'autres pays comme la Suisse ou l'Italie, certains secours sont payants.

L'intervention des pisteurs est déjà payante

En France, le secours est déjà payant sur les domaines skiables des stations car ce sont les pisteurs et non pas la gendarmerie, notamment le PGHM, qui se déplacent. Et une opération d'évacuation peut vite coûter cher.

"Sur tous les domaines skiables, la tarification est faite par les communes concernées donc par les maires", explique Joris Pupunat, directeur des pistes sur le site de Superbagnères. Il précise qu'en moyenne pour "une intervention du pisteur jusqu'à l'évacuation, il faut compter 150 euros sur piste et 300 euros en hors-piste et une évacuation jusqu'à un cabinet médical entre 500 et 1.000 euros en fonction des domaines skiables".

À Superbagnères, dans les Pyrénées, les pisteurs ont mené une centaine d'interventions de secours depuis les vacances de Noël.

Camila Giudice, Stéphanie Forgeois et Salomé Robles