Un an après, que reste-t-il de l'esprit du 11 janvier?

La question est revenue à plusieurs reprises lors de la journée d'hommage aux victimes des attentats, dimanche. Pourquoi y avait-il si peu de monde place de la République, à Paris, alors que plus d'un million de personnes avaient participé à la marche républicaine il y a un an?
Mesures de sécurité contraignantes
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a bien tenté dans la matinée de temporiser. "C'est le matin, et les Parisiens ne sont pas toujours du matin. Donc je pense que dans l'après-midi, beaucoup seront là", a-t-elle ironisé, avant d'adopter un ton plus sérieux: "Il y a avait aussi un dispositif de sécurité, normal compte-tenu notamment de la présence du chef de l'État."
En plein état d'urgence, il était en effet plus difficile d'accéder à la place ce dimanche qu'il y a un an. À chaque coin de rue, les visiteurs se heurtaient à un point de contrôle, avec ouverture des sacs et fouilles au corps.
Le 15 novembre, plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées place de la République et devant les lieux des attaques, malgré l'appel des autorités à ne pas le faire. Des mouvements de foule avaient alors eu lieu sur la place et devant le bar Le Carillon, les visiteurs ayant cru entendre des coups de feu. Une fausse alerte, comme ont par la suite annoncé des sources policières.
Mais dans les jours qui ont suivi, ces fausses alertes se sont multipliées, pas une journée ne passant sans son interruption de métro pour cause de colis suspect. Une paranoïa qui n'avait pas été observée après les attentats de janvier. Dans ces conditions, difficile pour certains de retourner se mêler à une foule aussi dense que celle du 11 janvier.
Une longue semaine d'hommages officiels
Ce dimanche marquait également la clôture d'une semaine de commémorations. Dans la journée de mardi, François Hollande s'est rendu des anciens locaux de Charlie Hebdo rue Nicolas-Appert, à l'Hyper Cacher, porte de Versailles, en passant par le boulevard Richard-Lenoir. À chaque fois, une cérémonie officielle a eu lieu afin de dévoiler une plaque sur laquelle était inscrits les noms des victimes des attentats.
Samedi, c'est à Montrouge que s'est rendu le chef de l'État, afin de rendre hommage à Clarissa Jean-Philippe, la policière tuée par Amedy Coulibaly, alors en fuite. Le soir, Manuel Valls a clôturé par un discours un "rassemblement unitaire d'hommage" aux victimes des attentats de janvier 2015, devant l'Hyper Cacher. La cérémonie était très calibrée, en présence de nombreux élus. Une organisation qui a pu donner l'impression que ces hommages étaient "officiels", avant d'être ceux de tout un chacun.
Une mobilisation plus personnelle
Tant de raisons qui peuvent pousser les gens à rester chez eux plutôt qu'à descendre à nouveau dans les rues. Mais cela ne signifie pas pour autant que les victimes des attentats sont oubliées. Au contraire, alors qu'en janvier dernier de nombreuses voix s'étaient élevées pour clamer "Je ne suis pas Charlie", après le 13 novembre personne n'imaginait être d'accord avec les attaques à Paris et Saint-Denis, comme le rappelait Gilles Kepel sur BFMTV.
"Que reste-t-il de ce dimanche de janvier?", chantait Johnny Hallyday dimanche. Pour ceux qui se sont déplacés place de la République ce dimanche, la réponse est évidente. "Restons unis", demandent les uns, "même pas peur", clament les autres. "Je pense que c'est présent dans le coeur de tout le monde", veut rassurer une jeune fille au micro de BFMTV. Dans les coeurs, donc, même s'il ne se voit plus, l'esprit du 11 janvier perdure encore un peu.