Un an après la mort de leurs enfants, tués par des feux d'artifice à Cholet, les parents témoignent

Un feu d'artifice. (image d'illustration) - Mercedes Oliver / NBAE / Getty Images / Getty Images via AFP
"En une fraction de seconde, il n’y a plus rien". Une profonde douleur dans la voix, Sandra et Sébastien Mandote racontent à RTL la soirée où ils ont perdu deux de leurs trois enfants, Gabriel, 7 ans, et Meggy, 24 ans, dans l'accident du feu d'artifices à Cholet, le 14 juillet 2022.
"Tout se passait bien", se souvient le père, qui s'était rendu ce soir-là dans le parc de Moine avec sa femme, son fils, sa fille et le compagnon de cette dernière. "Et cinq minutes après, c'est le chaos, c'est le trou noir, il n'y a plus rien".
"On n'a rien pu faire"
Le feu d'artifice commence vers 23 heures. Quelques instants plus tard, une fusée fonce vers eux et explose telle "une boule de feu". "Ça courrait partout, ça criait", revit Sébastien Mandote. En plus des deux enfants du couple décédés, sept personnes sont blessées, dont leur gendre.
"On n'a rien compris, on n'a rien pu faire, impossible. L’explosif est venu vers eux directement. Forcément, il n’y a pas d’échappatoire", explique Sébastien Mandote.
À l'approche de l'anniversaire du drame, Sandra Mandote confie "penser aux visages de mes enfants, mon fils surtout. C’est lui a pris la fusée de plein fouet, au visage, donc vous imaginez. Ma fille, au choc, a été brûlée au niveau du visage, du corps".
"Je vois le visage de mes enfants et beaucoup de mon bébé d’amour", sanglote-t-elle. "On nous a arraché nos enfants", lâche son mari.
"C'était vraiment trop près"
Le 9 juin, une stèle commémorative a été posée sur le lieu du drame, sur demande de la famille. La mère explique que la famille s'y était positionnée car le public y était plus parsemé. Ils voulaient éviter la foule. "Il y avait déjà des gens placés et rien qui interdisait l’accès dont nous y sommes allés. On s’est installés".
En se rendant une nouvelle fois sur les lieux, Sandra Mandote dit s'être rendue compte que la distance entre la batterie de feu d'artifice et le public était trop faible.
"Je n’avais jamais remis les pieds là-bas et quand j’y suis allé, pour moi c’était pas possible qu’on soit là, c’était vraiment trop près", estime-t-elle.
"Dans le noir, ça ne faisait pas comme ça, on avait l’impression d’être beaucoup plus loin et en fin de compte, dans le jour, on se rend compte, on se dit 'mais c’est pas possible qu’ils ont laissé tirer un feu d’artifice d’ici'. En tout cas, pas laisser des gens ici à cet endroit, c’était trop dangereux", juge-t-elle encore.
Une demande de périmètre non suivie
Pour le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, interrogé par Ouest-France au lendemain du drame, "il n’y avait pas de raison d’interdire l’accès" à l'endroit où les victimes se trouvaient car ce n'était pas une demande des artificiers auprès de Cholet Événements, l'association organisatrice, qui bénéficie de financements de la commune.
La société responsable des effets pyrotechniques, la même depuis 1994, affirme pourtant avoir fait les demandes nécessaires. Une version confimée par le procureur de la République d'Angers, dès le 16 juillet 2022.
"Dans le dossier déposé par la société auprès de l’organisateur, il figure bien un périmètre de sécurité de 150 mètres. Le fond du parc [où a eu lieu le drame] y est bien inclus", expliquait ainsi Éric Bouillard.
Des déclarations de témoins font également état d'une intervention tardive des secours. S'il réfute un tel retard, le maire évoque un "sous-effectif" empêchant une "parfaite sécurité". Rien qui n'aurait, selon lui, empêché le drame.
Le 19 juin, Gilles Bourdouleix a été entendu en garde à vue pendant plusieurs heures avant de ressortir sans que des charges ne soient retenues contre lui ou la mairie, relatent les médias locaux. Cette procédure est intervenue quelques semaines après l'obtention de rapports sur l'événement par les enquêteurs, note France 3 Pays de la Loire.
"Il y aura un procès, ça c'est sûr"
Sandra et Sébastien Mandote attendent aujourd'hui les résultats de l'enquête ouverte pour homicide involontaire, afin de savoir "ce qui s’est passé, pourquoi ça s’est passé, (...) pourquoi c’était ouvert, pourquoi on nous a laissé nous installer".
"Il y aura un procès, ça c’est sûr. Faut pas laisser ça comme ça, c’est pas possible. Faut pas que ça se reproduise", martèle le père.
Les parents disent aujourd'hui essayer de se "reconstruire au jour le jour" malgré une maison "vide" et "sans vie". Le 14 juillet, ils ont prévu d'aller se recueillir sur la stèle posée dans le parc de Moine. Aucun feu d'artifice ne sera tiré à Cholet cette année, la municipalité y ayant renoncé après cet épisode tragique.