"Tu n'es qu'un bon à rien!": le chef Eloi Spinnler témoigne des violences subies en cuisine

Le chef français Eloi Spinnler sur sa chaîne Youtube - Eloi Spinnler/Youtube
"J'ai été victime de harcèlement sur ma première année d'apprentissage." Le jeune chef Eloi Spinnler, notamment à la tête du restaurant Colère, dans le 9e arrondissement de Paris, s'est confié ce dimanche 16 février, à Franceinfo, sur la "normalisation" des violences physiques et verbales dont il a fait l'objet lors de ses débuts dans le milieu de la restauration.
"Ça passe par des cuillères chauffées à blanc, des portes de frigo fermées sur le bras d'un autre apprenti. Ça passe par une droite, un tirage d'oreille, des rabaissements, des phrases comme 'Tu n'es qu'un bon à rien, tu n'arriveras jamais à rien !', des insultes...", relate celui qui rassemble plus de 250.000 followers sur Instagram.
Lors de sa toute première année d'apprentissage, dès ses 13 ans, il se souvient que l'un des membres de l'équipe où il travaillait alors lui a mis "une olive". Une pratique de cours d'école où les enfants mettent, par surprise, un doigt dans les fesses d'un autre camarade par-dessus ses habits.
"C'est un membre de l'équipe qui m'a fait ça, il pensait que ça réveillait. Sauf que cette pratique n'a rien à faire sur un poste de travail. Un adulte de 22 ans n'a absolument pas à faire ça à un enfant de 13 ans", souligne-t-il.
"Je ne me sentais pas soutenu"
Ces violences dans le milieu de la cuisine sont dénoncées depuis plusieurs années par plusieurs femmes. En 2021, le collectif #RespecteTaCuisine s'était notamment lancé afin de les mettre en lumière.
Si le chef de 30 ans estime que les mentalités ont néanmoins évolué dans le bon sens, il essaie de rester vigilant, afin de ne pas reproduire ce qu'il a subi lors de son apprentissage. Car lors de son premier poste de chef, il affirme qu'il ne savait "pas gérer une équipe" et qu'il travaillait "trop". Ce qui a pu mener à ces situations qu'il dénonce aujourd'hui:
"Je ne me sentais pas forcément toujours soutenu. Un jour, j'ai menacé un de mes gars. Mettre un tir à quelqu'un et le voir partir en cuisine la larme à l'œil, moi, ça m'a flingué."
"C'est hyper bienveillant"
Avec son associé Benoît Piante, ils ont mis en place différents moyens d'éviter ces violences. Par exemple, une pointeuse permet d'identifier le volume d'heures effectué par chaque salarié, afin d'adapter son planning en fonction. "Avant, ils travaillaient quatre jours par semaine, et là, on passe à trois jours et demi", ajoute-t-il.
Un système de variables est également en place: si l'entreprise réalise des bénéfices, "tout le monde gagne".
"C'est hyper bienveillant, ça se passe bien bien, on bosse beaucoup", confirme à la chaîne de télévision un membre de la brigade de Colère.
Eloi Spinnler souhaite désormais mettre en place des systèmes de coaching et une aide au bien-être personnel dans ses établissements.