Sondage: méconnaissance et "mythes" sur le viol ont la vie dure, malgré le mouvement #Metoo

Le sigle anglophone "MeToo" et le francophone "Balance ton porc" contre les violences sexuelles faites aux femmes - Bertrand Guay - AFP
Les représentations sexistes "régressent un peu", mais le "déni et la culture du viol ont la vie dure", malgré le mouvement #MeToo, assure une enquête Ipsos publiée mercredi pour l'association Mémoire traumatique et victimologie, à retrouver sur le média 20 Minutes.
Pour réaliser cette enquête, les sondeurs ont interrogé 1000 personnes, du 22 au 28 février dernier, représentatives de la population française et âgées de plus de 18 ans.
L'"attitude provocante" de la victime a la vie dure
D'après les résultats de l'enquête, une majorité de Français continuent "d'adhérer à des mythes sur le viol" qui participent d'une "culpabilisation des victimes" en progression malgré la multiplication des campagnes d'information.
Pour 42% des Français (40% en 2016), la responsabilité du violeur est ainsi atténuée si la victime a eu une "attitude provocante" en public. Si une victime "se défend vraiment elle fait fuir le violeur" d'après 43% des sondés (41% en 2016), et "si elle ne réagit pas ce n'est pas une violence sexuelle" (30% contre 27% en 2016).
"Un possible lien entre cette augmentation et une perception négative par certains répondants (25%) du grand nombre de victimes s'étant exprimées lors de la campagne #MeToo n'est pas exclu", souligne le rapport. Comme si l'énormité des chiffres leur paraissait "invraisemblable".
Méconnaissance des statistiques sur le viol
L'étude relève pourtant une bonne connaissance des phénomènes de sidération traumatique pouvant paralyser la victime et l'empêcher de réagir (82% des sondés). Elle souligne donc un "paradoxe", alors que 83% des Français déclarent penser que #MeToo a eu un "effet positif" sur la libération de la parole des victimes, en très grande majorité des femmes.
Mais la méconnaissance des statistiques sur le viol est aussi pointée du doigt par l'enquête. 69% pensent que les victimes sont plus d'une sur quatre à porter plainte pour viol, alors qu'elles sont moins de 10%. Quant au nombre de condamnations: 90% pensent qu'elles ont augmenté depuis 10 ans, alors qu'elles ont diminué de 40%, toujours selon l'étude.
Un tiers des Français interrogés pensent encore que c'est après 18 ans qu'un viol a le plus de chance de se produire, alors que 51% des victimes déclarent avoir subi les premières violences sexuelles avant 11 ans, 81% avant 18 ans.
Les stéréotypes de genre en léger recul
Les stéréotypes sur la sexualité des femmes restent présents, mais sont en recul. Ainsi, les Français considèrent moins que les femmes "ont besoin d'être amoureuses pour envisager un rapport sexuel" (64% contre 74% en 2016), ou que "pour un homme il est plus difficile de maîtriser ses désirs sexuels" (57% contre 63% en 2016), relève l'enquête.
Ils sont également "un peu moins nombreux" à penser "qu'une femme peut prendre du plaisir à être forcée" (18% contre 21% en 2016) ou que beaucoup, "quand elles disent non pour une relation sexuelle, pensent oui" (17% vs 19%).