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Société

Sommeil: plus d’un tiers des Français dorment moins de 6h par jour

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Dans son baromètre publié ce mardi, Santé Publique France dénonce un déclin préoccupant du temps de sommeil. En moyenne, les adultes en France dorment 6 heures 57 minutes par 24 heures, soit pour la première fois en dessous des 7 heures minimales quotidiennes habituellement recommandées pour une bonne récupération. En semaine, ce temps de sommeil tombe même à 6 heures 42 minutes par jour.

Des Français qui dorment de moins en moins longtemps. C’est le constat préoccupant de Santé Publique France qui dénonce une "accélération des rythmes où chacun se veut présent au monde et connecté à tout moment", un monde où le sommeil peut apparaître comme un temps facultatif, "malmené dans la compétition quotidienne qu’il mène face aux loisirs et au travail". 

Non seulement le temps de sommeil total moyen est passé pour la première fois en dessous des 7 heures minimales quotidiennes, mais le nombre de ceux qui dorment moins de 6 heures par nuit ne cesse de croître. Plus d’un tiers des Français dorment désormais moins de 6 heures par jour. "Pourtant on sait que dormir moins de 6 heures est associés à des risques plus élevés d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension, de pathologies cardiaques et d’accidents", relève Santé Publique France. Dormir moins de 6 heures réduit aussi la vigilance dans la journée, augmente l’irritabilité et perturbe les relations familiales ainsi que la qualité de vie et de travail.

Qu’est ce qui nous empêche de dormir?

Parmi les causes de ce déclin, le travail de nuit, dont le nombre de travailleurs est passé de 3,3 millions en 1990 à 4,3 millions aujourd’hui. Le temps de trajet entre domicile et travail est aussi probablement un déterminant fort du déclin du sommeil dans les grandes villes, de même que pour les habitants des zones rurales de plus en plus éloignés et qui conduisent entre deux et trois heures par jour, rentrant de plus en plus tard, partant de plus en plus tôt et grignotant sur leur temps de sommeil. Les données du Baromètre de Santé publique France montrent d’ailleurs que les personnes les moins diplômées ou vivant dans des agglomérations de plus de 200 000 habitants courent plus de risque d’être courts dormeurs.

Le déclin de sommeil est aussi lié au temps passé devant les écrans : smartphones, tablettes, ordinateurs à toute heure de la soirée et même de la nuit. Le bruit est également reconnu comme l’un des premiers perturbateurs du sommeil.

Les femmes davantage concernées que les hommes

Pour compenser cette dette de sommeil, plus d’un quart des adultes font au moins une sieste en semaine, d’une durée moyenne de 50 minutes, et un tiers en font le week-end. L’insomnie chronique quant à elle touche davantage les femmes (16,9) que les hommes (9,1%). Et plus globalement, les femmes apparaissent plus souvent en dette de sommeil que les hommes : 23,1% d’entre elles sont par exemple en dette sévère non compensée, contre 14,3% des hommes.

"Ce déclin du temps et de la qualité du sommeil ne doit pas être une fatalité", assure Santé Publique France, qui estime que ce problème est trop souvent oublié des stratégies de santé publique, et qu’il devrait, au même titre que l’alimentation et l’exercice physique, être au cœur des actions de sensibilisation et d’éducation pour la santé.

L’agence nationale de santé publique rappelle d’ailleurs quelques règles pour améliorer son sommeil : soigner l’environnement de sa chambre, qui doit être dans l’idéal silencieuse, suffisamment obscure, chauffée à une température idéale de 18 °C. Une literie de qualité aide au sommeil. Santé Publique France incite également ceux qui le peuvent à faire la sieste, qui, lorsqu’elle est bien faite (20 à 30 minutes), a une efficacité sur le temps de réaction et des bienfaits biologiques en luttant contre l’état inflammatoire lié à la privation de sommeil.

Enfin, elle encourage le développement d’outils d’automesure simples et validés comme des applications ou des objets connectés permettant d’évaluer son temps de sommeil, tout en améliorant son alimentation et en pratiquant une activité physique.

Le Baromètre de Santé publique France 2017 est une enquête transversale menée par téléphone auprès d’un échantillon aléatoire de la population résidant en France métropolitaine, parlant le français et âgée de 18 à 75 ans. La méthode repose sur une génération aléatoire de numéros de téléphone fixes et mobiles. La réalisation de l’enquête, via un système de Collecte assistée par téléphone et informatique (Cati), a été confiée à l’Institut Ipsos.

Marie Dupin