Seine-Saint-Denis: à Bondy, la maire s'inquiète du recul progressif de l'État et du service public

Nichée entre l'autoroute A3 et le canal de l'Ourcq, la commune de Bondy, en Seine-Saint-Denis, a été mise en lumière en octobre passé, au lendemain de la Coupe du Monde remportée par l'équipe de France. Originaire de la ville, le jeune Kylian Mbappé avait, sous l'œil de nombreux médias, effectué un retour triomphal dans son fief, où il avait reçu les honneurs et rencontré de nombreux jeunes.
Pourtant, cette brève médiatisation n'avait pas suffi à faire oublier les réalités de cette ville de banlieue défavorisée, où la courbe de chômage frôle les 25%, bien au-delà des chiffres nationaux, et ou le service public semble se dégrader jour après jour.
De fait, les 23 annonces prévues ce jour par Édouard Philippe à ce sujet sont attendues de pied ferme. Parmi elles devraient se trouver une prime pour fidéliser les fonctionnaires, l'annonce de policiers supplémentaires ou encore l'aménagement de la sous-préfecture de Saint-Denis.
Dans cette attente, cinq maires de ces communes "oubliées" du département, dont celle de Bondy, mais aussi Saint-Denis, Stains, l'Ile-Saint-Denis et Aubervilliers, ont décidé de lancer un recours contre l'Etat pour demander réparation devant cette "rupture d'égalité."
"Il n'y a pas de moyens"
Sylvine Thomassin, maire socialiste de Bondy, accueille les équipes de BFMTV pour une visite de sa commune. Cette dernière débute en bordure de l'autoroute A3, où gravats, détritus et poubelles s'accumulent sur le côté de la chaussée. "Ce n’est pas entretenu, ce n’est pas nettoyé", détaille-t-elle.
L'édile, qui tient à souligner le manque d'implication de l'État et le délitement du service public dans sa commune, évoque également le service postal de Bondy Nord, quartier difficile de la ville où se situent 80% de logements sociaux.
"La poste est un service public indispensable pour les Bondynois. Il y a 20.000 habitants sur le nord de Bondy. Dans n’importe quelle ville de province de 20.000 habitants, il y a plusieurs bureaux de poste. Ici, nous en avons un, et qui ouvre de façon aléatoire. Là, on a de la chance il est ouvert, mais il peut très bien fermer dans une heure car il n’y a pas de moyens, de personnels suffisants qui ont fait trop d’heures supplémentaires", s'alarme-t-elle.
De manière générale, cette problématique de sous-effectifs est extrêmement présente à Bondy, où les professeurs absents ne sont que très rarement remplacés et les candidatures pour reprendre les cabinets médicaux de plus en plus rares.
L'État doit "assurer l’égalité sur le territoire"
La visite se poursuit dans un autre quartier, miné par les trafics de drogue. "C’est un coin qui est assez connu pour cela, ils se sont même tellement approprié le territoire qu’ils ont décidé qu’ils allaient faire des décorations d’Halloween", détaille Sylvine Thomassin.
Est alors abordée la question de la police. "Ils ne sont pas assez nombreux en quantité, mais aussi en qualité, on a beaucoup de policiers qui sortent de l’école mais guère de policiers un peu ’seniors’", se plaint la maire.
En matière de sécurité, des communes comme Bondy et Stains avaient moins d'un policier pour 400 habitants, avec un taux de délinquance (nombre de faits constatés pour 1000 habitants) supérieur à 100% alors que le XVIIIe arrondissement de Paris, moins criminogène, bénéficie d'un policier pour 315 habitants, selon le rapport.
En guise de conclusion, Sylvine Thomassin assure attendre "un relais fort et puissant de l’État qui doit assurer l’égalité sur le territoire, c’est son devoir."
"Je vais continuer à repriser, à faire du patchwork, je ne vais pas pouvoir faire grand-chose de plus."