Santé : doutes sur l'efficacité des anti-cholestérol

Le docteur Philippe Even, déjà auteur d'un guide des médicaments pointe du doigt les médicaments anticholestérol (appelés statines) dans un nouveau livre « la Vérité sur le cholestérol ». Ses conclusions divisent les spécialistes.

C’est une accusation qui a son importance. Le professeur Philippe Even, président de l’institut Necker, affirme dans son ouvrage « la Vérité sur le cholestérol » à paraître le 21 février, que le mauvais cholestérol n’existe pas et que les médicaments qui sont censés le faire diminuer sont totalement inutiles et inefficaces. D'après lui, le cholestérol ne serait pas aussi nocif qu'on veut bien le dire. Il remet en tout cas en question le lien entre cholestérol et maladies cardiovasculaires. Il s'en prend donc aux statines (médicament anticholestérol, traitement massivement prescrit depuis les années 90), qui serait inutile dans la majorité des cas. « Les statines sont inutiles. Tous les essais cliniques sur les malades à hauts risques ont montré qu’il n’y avait aucun effet positif sur la fréquence des complications cardiaques mortelles ».
Les statines font partie des médicaments les plus prescrits au monde. En France, elles sont prescrites à quelques 5 millions de personnes pour un coût de 2 milliards d'euros par an pour la Sécu.

« Ces médicaments sont inefficaces et toxiques »

« Crestor, c’est la principale statine commercialisée aujourd’hui, explique Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS. C’est le plus puissant des médicaments pour diminuer le cholestérol. Est-ce que ça sauve des vies ? La réponse est non. Il y a quatre essais cliniques entre 2005 et 2012 qui répondent tous que le Crestor ne sauve pas de vies et ne diminue pas la mortalité cardiovasculaire. Pourtant, il continue à être prescrit au-delà de toute rationalité médicale et scientifique. Ça provoque des dépressions, du diabète, des troubles de la mémoire et digestifs… Ces médicaments sont inefficaces et toxiques ».

« Dangereux d’agiter le chiffon rouge sur ce type de prescriptions »

Un discours bien différent est tenu par François Paillard, cardiologue à Rennes, membre de la Fédération Française de Cardiologie. D’après lui il faut rester prudent et les patients à risque (diabétiques, patients ayant déjà fait des AVC) ne doivent surtout pas suspendre leur traitement. « Il a été montré dans une étude indépendante puisqu’elle vient des données de l’assurance maladie, que lorsque des patients qui ont fait un infarctus, arrêtent leur traitement, leur pronostic est deux fois plus mauvais. C’est dangereux d’agiter le chiffon rouge sur ce type de prescriptions ».

Tugdual de Dieuleveult avec J.Zeghoudi