Rhône: polémique autour d'un terrain réquisitionné pour des demandeurs d'asile

Campement de demandeurs d'asile installé sous le pont Kitchener, dans le quartier de la gare de Lyon-Perrache. - -
"Un procédé de voyou." Voilà ce qu'inspire à François-Noël Buffet, le sénateur-maire UMP d'Oullins, la décision du préfet du Rhône. Le représentant de l'Etat a décidé de réquisitionné un terrain situé sur cette commune de l'agglomération lyonnaise pour y installer temporairement 300 Albanais demandeurs d'asile.
Ce terrain en question est une propriété du Grand Lyon. Le préfet du Rhône, Jean-François Carenco a annoncé qu'il avait réquisitionné cette ancienne friche SNCF, mardi. L'objectif est de "loger dans de bonnes conditions, dans des modules adaptés à l'hébergement provisoire des personnes sans abri, avec des chambres, sur un terrain gardienné" les sans-abri qui vivaient jusqu'à présent sous le pont d'autoroute Kitchener dans le quartier Perrache à Lyon.
"Si on est d'accord pour tous les laisser dehors, crever de froid cet hiver, on lève la main, mais pas moi. C'est notre honneur d'être humain que de savoir-faire cela", a justifié le préfet.
Le maire d'Oullins s'oppose à cette décision. Il affirme avoir d'autres projets pour ce terrain. Il fait valoir dans Le Progrès que ce terrain de 10 hectares est destiné à accueillir un "pôle multimodal avec le métro, la gare et des parkings". "A partir du mois de décembre, ça va être un lieu où la vie va se mettre en place et de façon extrêmement importante et donc ce ne sera pas un lieu adapté à ce type d'accueil et de structure", explique-t-il.
"On n'a pas envie de retrouver nos entreprises fracassées"
De leur côté, les chefs d'entreprises du quartier réservent un accueil mitigé à ce campement. Certains sont inquiets pour leur sécurité. "On n'a pas envie le matin d'arriver et de retrouver nos entreprises visitées, fracassées et il faut qu'on puisse travailler dans les meilleures conditions", explique Philippe Giroudon, gérant d'une entreprise voisine du terrain.
D'autres regrettent de ne pas avoir été consultés avant. "C'est un peu dommage, sur cette dynamique-là, de pas avoir prévenu avant et d'avoir une prise de parole commune parce que du coup on se retrouve au micro à dire qu'on n'est pas d'accord alors que sur le fond, c'est bien que la collectivité publique prenne ses responsabilités", estime Laurent Coppin, aussi gérant d'une entreprise du quartier.
"Dangerosité, insalubrité et indignité"
La nécessité de trouver un terrain pour accueillir ces 300 demandeurs d'asile albanais est devenue plus qu'urgente. Ce mercredi, le juge des référés a ordonné l'expulsion sans délai de leur campement installé sous le pont depuis juillet, estimant que l'occupation du terrain constituait un trouble à l'ordre public.
Lors de l'audience le 16 octobre, le juge avait souligné "la dangerosité, l'insalubrité et l'indignité" du campement du pont Kitchener, où "le respect et la dignité des personnes ne sont absolument pas assurés".
Le préfet avait donc anticipé le besoin de relogement en réquisitionnant le terrain sur la commune d'Oullins. Les demandeurs d'asile devraient s'y installer provisoirement, dans des structures mobiles, de début novembre à fin mars prochain.