Renault : négociations tendues entre direction et syndicats

Les syndicats repprochent à la direction de vouloir les faire céder par la menace de fermetures de sites - -
Le plan de suppressions de postes de Renault avait été plutôt bien vu du gouvernement, félicitant le constructeur automobile pour sa promesse de ne pas procéder à des licenciements secs ni fermer de site, sous condition d’un accord de compétitivité. Les négociations sur cet accord entre les syndicats et la direction de Renault ont d’ailleurs commencé, et elles s’annoncent tendues. Le groupe a posé sa dernière carte sur la table mardi : un gel des salaires en 2013 en échange de nouvelles productions venant de partenaires.
Salaires gelés ou limités sur trois ans
Concrètement, Renault s'est engagé à affecter à ses usines françaises la production de 80 000 véhicules supplémentaires par an pour ses partenaires Nissan ou Daimler si les syndicats signent l'accord de compétitivité qu'il leur propose. En échange, le groupe a annoncé aux organisations syndicales son intention de geler les salaires en 2013 et de limiter les hausses à 0,5% en 2014 et à 0,75% en 2015. Trop de demandes, et pas assez de concessions, estiment les syndicats qui appellent à un rééquilibrage.
Mais selon eux, la direction aurait menacé de fermer deux usines en France si le projet d'accord de compétitivité n'était pas signé. Faux, répond pour sa part la direction. Les négociations en vue d'un accord de flexibilité au sein du groupe ne doivent pas « s'apparenter à du chantage », a immédiatement réagi l'entourage du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Sur RMC, Pierre Moscovici rappelle « les lignes rouges »
Chantage ou pas, le gouvernement se veut intransigeant. Sur RMC et BFMTV, Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie et des Finances, a rappelé les « lignes rouges » du gouvernement : « pas de licenciement, et pas de fermeture de site ». « Renault et PSA doivent demeurer des constructeurs mondiaux », a appelé le ministre. « Il faut laisser le dialogue social se poursuivre ».
« C’est intolérable »
« Aujourd’hui, on a 8 200 suppressions d’emplois, et d’un autre côté, ils nous disent "on supprime également deux sites", témoigne sur RMC Xavier Raynaud, délégué central adjoint CGT Renault France. On nous dit qu’on va avoir de nouveaux véhicules, mais on ne sait pas lesquels, ni dans quels sites, on ne sait rien. On nous demande de signer un accord en blanc. On a toujours le chantage, on nous dit de signer : "et demain on vous dira ce qu’on va vous amener", c’est intolérable. Et discuter d’un accord tout en étant soumis au chantage, ce n’est pas possible non plus ».
« Il n’y a pas de menace »
Mais pour Gérard Leclercq, directeur des opérations France du groupe Renault, ce chantage n’a jamais eu lieu. « Dans les propositions que nous avons faites, il n’y a pas de menace quelconque. On n’a pas dit "si on ne signe pas d’accord, on fermera tel ou tel site". Ça n’a jamais été un élément de la négociation, jamais », affirme le responsable.