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Caricatures, film anti-islam : « Le prophète a toujours répondu par la douceur »

La mosquée de Nantes

La mosquée de Nantes - -

Ce vendredi, jour de grande prière, la France craint des violences ou des débordements dans plusieurs pays musulmans après les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo et le film anti-islam. Mais dans les banlieues de Seine-Saint-Denis, les imams rencontrés par RMC appellent à l’apaisement.

Ce sera évidemment une journée importante, du Caire à Paris, après la diffusion du film anti-Islam et des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo.
Ce vendredi, jour de prière et donc de grand rassemblement, des précautions ont été prises dans une vingtaine de pays musulmans où consulats, ambassades et écoles françaises ont été fermés. Au Caire, raconte le correspondant d’RMC, les ressortissants français ont reçu le conseil de ne pas se mêler aux mouvements de foules. « Une image, et le pays peut s’embraser », lui a avoué un responsable sécuritaire égyptien.
En France, aussi, les tensions sont vives. Les appels à manifester samedi dans plusieurs grandes villes se multiplient sur les réseaux sociaux, et déjà deux manifestations ont été interdites à Paris. Mais dans les mosquées, alors que de nombreux fidèles se réuniront, des imams rencontrés par RMC veulent avant tout diffuser un message d’apaisement.

« Ne pas répondre à la provocation, comme l’aurait fait le prophète »

Imam de Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis, Younès se « sent responsable d’appeler une nouvelle fois à la paix, à une réflexion intelligente sur le sujet et pas passionnée, comme le prophète l’aurait fait ». C’est d’ailleurs l’argument qu’il souhaite mettre en avant : qu’aurait fait Mahomet ? « Il faut voir ce qu’il a fait de son vivant quand il a été insulté, traité de fou, de sorcier, quand on lui a craché dessus. Il a toujours répondu par la douceur ou pas du tout, plutôt que par la violence. Le message, c’est de ne pas répondre à la provocation, sauf par l’intelligence et la douceur, comme le prophète l’aurait fait », insiste-t-il.

« Expliquer ce qu’est le vrai visage de l’Islam »

Même discours chez Enis Chabchoub, imam de Champs-sur-Marne qui reconnaît « être blessé » par les caricatures ou le film. « On n’est pas pour autant d’accord avec tous les actes violents vus dans le monde, précise-t-il. Systématiquement, quand l’Islam est attaqué, par responsabilité vis-à-vis des fidèles, nous utilisons le prêche du vendredi pour remettre les choses en place. Non pas pour insulter l’Etat, mais pour expliquer ce qu’est le vrai visage de l’islam ».
Quant aux manifestations de samedi, il invite ses fidèles à les ignorer. « Pourquoi manifester ? Si le musulman veut donner du temps pour montrer qu’il n’est pas d’accord, il devrait plutôt faire un travail autour de lui en expliquant finalement aux gens le vrai visage de l’islam ».
Pour lutter contre l’incompréhension, les imams du département songent même à mettre en place une journée porte ouverte dans les mosquées et inciter musulmans et non musulmans à se rencontrer et se comprendre.

La rédaction avec S. Collié, F.X. Ménage