Raphaël Glucksmann: "Quand j'étais petit, à la maison, il y avait des réfugiés"

André Glucksmann et son fils Raphaël réunis au Salon du livre de 2008 pour leur livre "Mai-68 expliqué à Nicolas Sarkozy". - FRANCOIS GUILLOT / AFP
"Mon premier et meilleur ami n'est plus. J'ai eu la chance incroyable de connaître, rire, débattre, voyager, jouer, tout faire et ne rien faire du tout avec un homme aussi bon et aussi génial. Voilà, mon père est mort hier soir", écrit Raphaël Glucksmann, réalisateur, en hommage à son père dont il a annoncé le décès mardi sur son compte Facebook.
L'intellectuel engagé aux côtés des "Nouveaux philosophes" est mort dans la nuit de lundi à mardi. Il avait 78 ans et avait fait de la dénonciation des crimes du communisme et du totalitarisme le combat de sa vie.
"Quand il était petit, il aurait dû mourir, puisqu'il était juif, d'une famille ne parlant pas français dans la France occupée", raconte encore son fils à l'AFP.
"Il a même été mis dans les trains et sa mère a réussi à l'en sortir. Donc, il m'a dit que tout le reste, c'était du rab et que 70 ans de rab, c'était une chance incroyable et qu'il fallait la saisir pour en faire profiter d'autres qui avait moins de chance que lui".
"Je devais laisser ma chambre" à des réfugiés
"Quand j'étais petit, à la maison, il y avait des réfugiés à la fois des dictatures fascistes d'Amérique Latine et des dictatures soviétiques et communistes d'Europe de l'Est, des Afghans, des Algériens... Ils se retrouvaient chez nous sans se connaître, ils dormaient chez nous, souvent je devais laisser ma chambre", se souvient Raphaël Glucksmann avec nostalgie.
"C'était le monde qui débarquait à la maison et qui parlait de liberté et de droits de l'Homme, une France qui était belle, dans sa vocation de terre d'accueil. Une France qu'il avait choisie quand il avait 10 ans: son père était mort, tué par les Allemands, sa mère lui a proposé de repartir en Autriche d'où ils venaient, mais il a dit qu'il voulait vivre dans le pays de la Révolution. Depuis, il a vécu la France comme ça".
"Il a été mon premier ami. Depuis que je suis né, il m'a considéré comme son ami, j'ai eu la chance incroyable de rire, jouer, débattre, m'engueuler aussi parfois, avec un homme qui était fondamentalement bon et qui a consacré sa vie aux autres", ajoute-t-il.