Quel avenir pour les gilets jaunes en 2019?

Alors que le mouvement s'essouffle un peu partout en France, les porte-parole des gilets jaunes espèrent relancer la mobilisation.

Ils étaient 282.000 à être descendus dans les rues pour le premier jour de mobilisation, le 17 novembre. Ils n'étaient plus que 21.000 samedi dernier, partout en France. Si le mouvement des gilets jaunes s'est peu à peu érodé avec le temps, certains espèrent pourtant qu'il se pérennise en 2019.

Les fêtes sur les ronds-points

Ils sont d'ailleurs nombreux à avoir passé les fêtes de fin d'année sur les ronds-points, afin de montrer que les mesures annoncées par le gouvernement n'étaient pas suffisantes. Ce mercredi matin, plusieurs dizaines de gilets jaunes ont aussi lancé un blocage au dépôt pétrolier de Rubis de Grand Quevilly, près de Rouen, en Seine-Maritime. La cinquantaine de manifestants, déterminée, empêchait les camions citernes d'entrer et de sortir du dépôt. Elle aura finalement été délogée en quelques heures.

D'autres signes indiquent que les gilets jaunes ont pour objectif d'inscrire le mouvement dans la durée. Sur le page Facebook "la France en colère", Eric Drouet, l'un des leaders du mouvement, a par exemple partagé un événement intitulé: "Rencontre entre gilets jaunes". Le rendez-vous est fixé ce mercredi, à 19 heures, sans aucune précision de lieu, comme il en est désormais coutume chez les gilets jaunes. À la mi-journée, 600 personnes ont indiqué qu'elles "participaient", tandis que 4000 se sont dites "intéressées".

200 personnes samedi sur les Champs-Élysées

Toujours sur Facebook, un groupe intitulé "l'Acte 8", en vue d'une nouvelle journée de mobilisation, samedi 5 janvier, comptait déjà 9600 participants mercredi. Mais ces groupes Facebook prennent-ils encore vraiment le pouls de la mobilisation? Mardi, pour le réveillon du Nouvel An, plus de 8000 personnes avaient indiqué participer à un grand rassemblement sur les Champs-Élysées. Au total, les autorités ont compté quelque 200 personnes.

Une carte destinée à recenser les gilets jaunes en France, qui proposait jusqu'ici une actualisation en temps réel, n'est d'ailleurs plus à jour sur une grande partie du territoire.

"L'an II"

"Il est hors de question de lâcher quoi que ce soit", a pourtant martelé Laetitia Dewalle samedi. La représentante du mouvement dans le Val-d'Oise l'assure: "le mouvement n'a pas ralenti avec les fêtes", sans pourtant étayer ses propos. Sur BFMTV, Benjamin Cauchy prévoit lui aussi que la mobilisation "va continuer en 2019". "Le rapport de force doit perdurer de la façon la plus pacifique possible", a précisé le porte-parole des "gilets jaunes libres". 

Également interrogé par BFMTV, Yves Garrec, gilet jaune de Toulouse et président du groupe "Vox Populu", a indiqué qu'une nouvelle phase était en train de se mettre en place. "Nous avons évacué les ronds-points pour préparer l'An II, et de grandes actions sont en préparation", a assuré le manifestant. 

Une liste "gilets jaunes" aux Européennes?

Malgré le fait que le mouvement peine à se structurer, certains lui imaginent cependant un avenir politique. Et si tous les leaders des partis traditionnels ont tenté - en vain - de récupérer le mouvement apolitique, plusieurs gilets jaunes ont émis l'idée de constituer une liste pour les élections de mai 2019. Le très politique Benjamin Cauchy a lui-même exprimé son souhait "qu'il y ait une phase électorale" dans le combat.

Par ailleurs, le PCF et le Rassemblement National ont déjà fait savoir qu'ils souhaitaient intégrer des gilets jaunes à leur liste pour les élections européennes. De son côté, le président des Patriotes, Florian Philippot, entend s’associer à des représentants du mouvement en vue des élections européennes de mai 2019. La semaine dernière, l'ancien bras droit de Marine Le Pen a même déposé la marque "gilets jaunes" dans la base de données de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI).

L'idée de l'établissement d'une liste gilets jaunes en vue des européennes fait son chemin. Selon un sondage Harris interactive pour RTL et M6, 47% des Français y sont favorables. Un souhait qui serait nettement majoritaire chez les sympathisants de La France insoumise et du PCF (64%), du Rassemblement national (58%) et du PS (56%).

Valentine Arama