BFMTV
Société

Pyrénées: la justice remet en cause l'effarouchement des ours

Un ours photographié à une date non communiquée de 2020 dans les Pyrénées, par l'association "Pays de l’ours"

Un ours photographié à une date non communiquée de 2020 dans les Pyrénées, par l'association "Pays de l’ours" - - © 2019 AFP

Cette technique pourrait être dangereuse pour les ours, et en particulier les femelles en gestation.

La préfecture de l'Ariège, département où vivent la plupart des ours des Pyrénées, avait autorisé leur effarouchement en cas de danger, mais le tribunal administratif de Toulouse a invalidé mercredi les arrêtés préfectoraux. Ces mesures permettent aux éleveurs de procéder à des tirs dissuasifs pour protéger les troupeaux des prédations de l'ours, avaient été prises en juin à la demande de plusieurs groupements pastoraux.

Rappelant que l'ours brun des Pyrénées est "une espèce en danger critique d'extinction", le tribunal estime que les mesures d'effarouchement pourraient "repousser l'ours en dehors des territoires qu'il fréquente habituellement et donc de l'évincer d'une partie de son aire de répartition naturelle" et redoute des "effets délétères sur la population d'ours, en particulier les femelles gestantes".

L'instance administrative note également que cinq des six groupements pastoraux "n'ont pas mis en place le triptyque des moyens de protection des troupeaux (présence humaine, parcs de regroupement fermés et chiens de protection)".

Bataille entre éleveurs et défenseurs des animaux

La semaine dernière, des éleveurs de brebis ont attribué à l'ours la mort d'une cinquantaine de brebis, retrouvées mortes au pied d'une falaise. Ces tirs non-létaux sont régulièrement dénoncés par les associations de défense de l'ours, qui ont d'ailleurs gagné plusieurs fois leurs recours devant le Conseil d'Etat.

L'association écologiste One Voice, à l'origine des recours, a salué la décision du tribunal, soulignant que la population d'ours "se situe en dessous du seuil de viabilité de l'espèce". "Des fantasmes et des peurs irrationnelles (sont) répandues à leur encontre par des éleveurs qui sont, dans tous les cas dédommagés, et destinent toujours leurs troupeaux à l'abattoir", poursuit le communiqué.

De nombreux éleveurs, chasseurs et élus locaux sont opposés à la présence de l'ours dans les Pyrénées, défendue par l'État et des associations de défense de la biodiversité. En 2020 et 2021, quatre ours ont été tués par l'homme dans les Pyrénées. Un a été empoisonné en Espagne, les trois autres ont été abattus par balles.

Alors que l'ours avait pratiquement disparu des Pyrénées, un programme de réintroduction d'ours bruns de Slovénie a été engagée dans les années 1990. Aujourd'hui, ils sont environ 70, selon les autorités françaises, notamment dans le centre des Pyrénées, en Ariège côté français, dans le val d'Aran côté espagnol.

A.A. avec AFP