PSA : reportages à Aulnay-sous-Bois et Rennes-La Janais

Sur le site d'Aulnay-sous-Bois, avant l'annonce - -
Après l’annonce jeudi de 8 000 suppressions de postes en France par PSA Peugeot Citroën, les villes d’Aulnay-sous-Bois et de Rennes sont sous le choc. Principale victime, Aulnay verra son usine Citroën fermer d’ici 2014. Il s’agit de la première fermeture d’une usine automobile en France depuis celle de Renault à Boulogne-Billancourt en 1992. Deuxième site le plus touché, Rennes, va perdre un poste sur quatre, soit 1 400 emplois.
« Je ne sais pas à quelle sauce je vais être mangé à la rentrée »
Depuis 1973, l’usine d’Aulnay-sous-Bois créée par Citroën et véritable emblème de la ville produit, notamment, la C3. Le plan de la direction de PSA est de reclasser une moitié de ses 3 000 salariés vers l'usine de Poissy, dans les Yvelines, et l'autre moitié sur place à travers de nouveaux postes dans le bassin d'emploi d’Aulnay, sans plus de précisions. Une solution à laquelle beaucoup ne croient pas, comme Maxime, salarié depuis 1995 : « J’ai 100 km pour aller travailler à Poissy, 200 aller/retour, et je commence à 5h et demi le matin. Je devrais me lever à 2h et demi ? »
« Comment on peut croire un patron qui a menti à la France pendant 12 mois ? »
Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT de PSA à Aulnay-sous-Bois, ne croit pas non plus en la proposition de reclassement : « Ça ne tient pas debout. Il faudrait déjà qu’au niveau personnel, familial, 1 500 salariés puissent aller travailler à Poissy, et ce n’est pas joué. Quant aux 1 500 emplois qu’ils vont créer ici, sur le site d’Aulnay… Ça fait des années que la Seine-Saint-Denis crève du chômage, et là, ils vont créer 1 500 emplois ? Baratin ! Comment peut-on croire un patron qui a menti à la France entière pendant 12 mois ? »
« Je vais changer de métier »
Larbi, cariste depuis 11 ans à l'usine d'Aulnay, est lui aussi sceptique, mais il n’a pas l’intention de baisser les bras : « C’est écœurant ce qu’ils font après nous avoir exploités pendant des années. Nous avons tous laissé notre santé dans cette usine, et au final on nous jette comme des malpropres, juste avant les vacances », s’emporte-t-il.
Et puis il y a ceux qui n’y croient pas, ou qui n’y croient plus, comme Sophie. Employée depuis 11 ans sur le site, sa décision est irrévocable : « Je vais changer de métier. Je pense faire une formation, changer de secteur ». Le tout sans vraiment y croire : « Bien sûr, on est inquiets, on repart de zéro, je comptais faire ma carrière ici et c’est une grosse remise en question. Surtout que les CDI ne courent pas les rues ces temps-ci. »
4 millions en moins dans les caisses de la ville
En plus du chômage, le maire socialiste d’Aulnay-sous-Bois Gérard Ségura voit aussi ses ressources fondre drastiquement : « Le chômage est là, il se développe, et les conséquences sociales sont déjà graves. C’est un coup de butoir supplémentaire qui va peser sur les familles et la collectivité, parce que le départ de Citroën, c’est 4 millions d’euros par an en moins. Alors que nous aurions besoin de plus de moyens pour développer la ville, les emplois, accompagner les gens au chômage ou qui vont le devenir, on a des moyens supprimés. »
« Il faudrait tout quitter »
A Rennes, où 1 400 emplois seront supprimés sur le site PSA de Rennes-La Janais, des mobilités internes devraient être proposées à 400 salariés. Les 1 000 autres devraient être aidées à retrouver un emploi. Didier Picard, délégué syndical CFE CGC, est sceptique : « Dans la région, le bassin d’emploi est sinistré, on n’imagine pas trouver d’un coup une solution. »
Philippe Besnier à 45 ans. Il est ouvrier chez PSA Rennes. Le reclassement, pour lui, c’est un mirage : « Ce n’est pas facile. Il y en a qui sont déjà partis, dans les plans précédents, mutés à Aulnay, et aujourd’hui l’usine ferme. Alors je peux être muté à Poissy, mais qu’est ce qui me dit que dans trois ans, l’usine sera toujours là ? Et puis j’ai un prêt, ma femme travaille. Il faudrait tout quitter. »