Paris met la dernière main à son nouveau plan d'économies

Le gouvernement pourrait annoncer lundi les nouvelles mesures d'économies promises par Nicolas Sarkozy pour boucler le budget 2012 alors que l'économie française accumule les signes d'essoufflement. /Photo d'archives/REUTERS/Jacky Naegelen - -
par Matthias Blamont
PARIS, 4 novembre (Rentiers) - Le gouvernement pourrait annoncer lundi les nouvelles mesures d'économies promises par Nicolas Sarkozy pour boucler le budget 2012 alors que l'économie française accumule les signes d'essoufflement.
Un conseil des ministres se tiendra lundi matin à l'Elysée, celui de mercredi ayant été annulé pour préparer le G20 de Cannes (Alpes-Maritimes), a confirmé vendredi Nicolas Sarkozy à Cannes.
Les services du Premier ministre ont de leur côté indiqué que François Fillon prononcerait samedi un discours de "portée nationale" à l'occasion d'un déplacement en Haute-Savoie.
Des consultations politiques devraient également avoir lieu tout au long du week-end, a confié une autre source.
Nicolas Sarkozy a abaissé la semaine dernière de 1,75% à 1% la prévision de croissance de la France pour 2012, obligeant les pouvoirs publics à trouver six à huit milliards d'euros pour permettre à Paris de respecter ses objectifs de réduction de déficits.
Bercy a laissé entendre à plusieurs reprises qu'un relèvement de la TVA dans certains secteurs qui bénéficient d'un taux réduit à 5,5%, comme la restauration, la construction ou les services à la personne notamment, était à l'étude.
La ministre du Budget Valérie Pécresse a toutefois souligné mercredi que le gouvernement privilégierait les économies de dépenses.
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a laissé entendre pour sa part que les personnes aux revenus les plus modestes seraient épargnées.
"Les décisions seront prises dans un grand souci de justice de façon à répartir les efforts équitablement pour qu'ils ne soient pas supportés par les plus modestes", déclare-t-il dans une interview accordée à Nice Matin publiée vendredi.
LA RÉCESSION MENACE
La France veut à tout prix protéger sa note AAA auprès des agences de notation mais cherche aussi à donner des gages de crédibilité aux marchés financiers et à ses partenaires de la zone euro.
L'Italie, désormais en première ligne dans la crise des dettes souveraines, va devoir accueillir des experts du FMI et le Commission européenne pour surveiller les engagements donnés par Silvio Berlusconi lors du Conseil européen du 27 octobre.
Le gouvernement français pourrait se retrouver dans l'obligation de communiquer des mesures supérieures à huit milliards d'euros ou de faire de nouvelles annonces dans les prochains mois à mesure que le ralentissement économique se matérialise et laisse entrevoir une nouvelle phase de récession.
L'activité des entreprises de services dans la zone euro s'est contractée plus nettement que prévu en octobre, la crise de la dette ayant plombé les "affaires nouvelles", montrent vendredi les enquêtes mensuelles de Markit.
En France, l'indice PMI des services est repassé sous le niveau de 50 qui distingue la croissance de la contraction de l'activité, une première depuis juillet 2009.
Ce mauvais chiffre vient s'ajouter à une décélération sensible dans l'industrie, à une consommation des ménages en baisse en septembre et à un niveau de chômage au plus haut depuis 11 ans.
"On ne voit pas très clair à court terme. Le cas grec n'est pas le seul sujet d'inquiétudes", confirme Benoît Peloille, stratège actions chez Natixis.
"Les craintes sur la croissance restent très présentes en Europe comme l'illustrent les derniers indices PMI, qui renforcent l'idée d'un ralentissement économique, voire d'une récession."
La dégradation de la situation macroéconomique a d'ailleurs conduit jeudi la Banque centrale européenne (BCE) à annoncer une baisse surprise de 25 points de base de ses taux directeurs lors de sa première réunion sous la présidence de Mario Draghi.
Dès lors, le scénario d'une croissance de 1% du produit intérieur brut français l'an prochain pourrait très vite apparaître lui aussi trop optimiste, comme la prévision précédente calée à 1,75%, et fragiliser le gouvernement à quelques mois de l'élection présidentielle.
Les économistes interrogés par Reuters anticipent en moyenne une progression moyenne du produit intérieur brut de 0,9 à 1% en 2012 mais les plus pessimistes d'entre eux prévoient une décroissance de 0,1%.
Avec Emile Picy et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Patrick Vignal