Paris: après une chute dans la rue, le photographe René Robert meurt de froid dans l'indifférence des passants

Capture d'écran d'un tweet de Michel Mompontet, journaliste et ami de René Robert. - Capture d'écran Twitter
René Robert, photographe internationalement reconnu de flamenco, qui aimait à photographier les visages empreints d'émotion des danseurs et musiciens, est mort après avoir fait une chute dans la rue sans être secouru, à Paris, la semaine dernière.
Laissé sans aide sur le trottoir
Mardi 18 janvier, aux alentours de 21 heures, l'homme de 84 ans sort après dîner pour une balade dans son quartier parisien de République. Mais il chute, pour une raison qui reste à déterminer. Incapable de se relever, allongé sur le trottoir, personne ne lui vient en aide.
C'est un sans-abri qui finira par prévenir les secours vers 6 heures du matin. Trop tard. Transporté aux urgences en état d'hypothermie extrême, il décédera de sa nuit passée dehors, comme l'a révélé sur Twitter, puis dans un éditorial sur Franceinfo son ami, le journaliste Michel Mompontet.
Quiconque connaît Paris sait à quel point le quartier entourant République est rempli de commerces et de monde, même un soir de semaine. Aucun passant n'a cependant jugé bon d'appeler les secours, face à cet octogénaire inconscient allongé sur la chaussée.
"La rue de Turbigo. Le plein Paris, la ville lumière, les bars, les restos. L'humanité, si inhumaine, et cette question, comment a-t-on pu en arriver là?", s'est interrogé Michel Mompontet.
Une interrogation lancinante
Arpentant les représentations de flamenco depuis les années 50, René Robert aimait à y photographier "la rage ou la grâce" - en référence au titre d'un de ses livres - qu'exprime le visage des danseurs de flamenco.
"Nous étions admiratif de son talent tout autant que de ses qualités humaines. René, c'était la gentillesse et la discrétion incarnées. C'était un ami fidèle et sincère. Les moments passés à ses côtés, que ce soit chez lui chez nous ou ailleurs étaient toujours teintés de joie et de bonne humeur", écrit à son sujet le site Musique Alhambra, spécialisé dans l'actualité du flamenco.
Pour Michel Mompontet, après la douleur d'avoir perdu un proche, revient cette interrogation lancinante. "Est ce que je suis sûr à 100% que si j'avais été confronté à cette scène, je me serais arrêté? [...] Ne pas pouvoir être sûr à 100% est une douleur qui me hante", a-t-il déclaré sur Franceinfo.