"On veut être le moins délogeables possible": comment Extinction Rébellion s'organise pour résister à une évacuation policière

En plein cœur de Paris, les activistes d’Extinction Rébellion (XR) redoublent d’ingéniosité pour éviter le délogement. Depuis lundi, ils occupent la place du Châtelet ainsi que le pont au Change et ne comptent pas abandonner ces emplacements stratégiques sans un minimum de résistance.
"Il faut qu’on soit le moins délogeables possible", explique à BFMTV.com une jeune thésarde de 27 ans qui a rejoint le mouvement pour réclamer davantage d'action contre le réchauffement climatique.
"On a investi des lieux de forte affluence pour les voitures et on les a transformés en espaces de vie", poursuit-elle. "Dès le premier soir, on a établi des espaces d’échange avec des coins lecture, des zones réservées à la musique, des endroits pour les conférences et les débats. On a aussi installé des toilettes sèches, une cantine. Et on a monté des tentes pour qu’il y ait toujours des gens sur place."
Des tonneaux remplis de ciment
Pas question donc de risquer l’expulsion. Les militants ont mis en place des tonneaux en acier remplis de ciment avec, à la base, des tubes en PVC dans lesquels les "bloqueurs" glissent leurs bras et s’attachent à des chaînes installées à l’intérieur. De cette manière, impossible pour les forces de l’ordre de les évacuer facilement.

Ces tonneaux ont été installés sur tous les lieux de blocages, "il y en a trois ou quatre par site environ", indique la militante qui a passé la nuit de lundi à mardi place du Châtelet.
"Quand ils sentent un risque d’expulsion, ils peuvent aussi s’enchaîner à du mobiliser urbain ou entre eux, en se prenant par les bras", poursuit-elle.
Les "bloqueurs" ont choisi d’endosser ce rôle à part. "On n’a pas tous cette fonction car en faisant cela on s’expose à des risques juridiques plus importants", commente la jeune femme qui a pour l’instant choisi d’aider à l’organisation, à la cuisine par exemple, "mais ce rôle peut évoluer".
Pas d'affrontement avec la police
Pour l’heure, les manifestants n’ont pas été confrontés aux forces de l’ordre, "ils nous laissent tranquilles", indique-t-elle. Une inaction qui n’est pas passée inaperçue aux yeux des gilets jaunes. Sur les réseaux sociaux, certains d’entre eux déplorent, amers, une différence de traitement entre les deux mouvements. Pourtant, s'ils bénéficient du soutien de la maire Anne Hidalgo, "aucun deal avec la préfecture" n’a été conclu, rétorquent les militants XR, selon l’AFP.
"On pense qu’ils nous laissent tranquille par pure stratégie. Ils n’interviennent pas dans l’espoir de créer des tensions avec d’autres mouvements sociaux où les forces de l’ordre sont au contraire très présentes", rebondit la militante de 27 ans.
Elle rappelle par ailleurs que les images de l'évacuation d’activistes XR à coup de gaz lacrymogènes au mois de juin dernier sur le pont de Sully, à Paris, avaient suscité un tollé. Le président Emmanuel Macron cherche peut-être à préserver une image "écolo" que les manifestants lui dénient, avancent d’autres rebelles auprès de l’AFP.
Retranchés dans leur "village apaisé", les militants entendent continuer leurs actions jusqu’à ce que les autorités entendent les mesures qu’ils réclament pour atteindre la neutralité carbone en 2025. Cette semaine, des antennes du mouvement, né il y a un an au Royaume-Uni, XR se mobilisent dans 60 villes du monde.