"On marche sur la tête": pourquoi des agriculteurs retournent des panneaux de communes

"On marche sur la tête". Avec ce slogan, des agriculteurs veulent faire entendre leur mécontentement à travers la France. Et pour le montrer, ils ont adopté une méthode originale: ils retournent des panneaux de noms de communes. Le syndicat Jeunes agriculteurs a ainsi partagé cette semaine des photos de panneaux retournés dans le Nord-Pas-de-Calais, dans le Rhône, dans la région de Valenciennes...
Benjamin Pointereau, agriculteur et président de la branche de ce syndicat dans le Cher explique à BFMTV.com qu'il s'agit d'une "action pacifique" pour "illustrer les injonctions gouvernementales" qui "vont un peu dans tous les sens au niveau de l'agriculture".
Un "trop-plein normatif"
Parmi les sources de mécontentement partagées sur Facebook par la FNSEA, qui soutient la mobilisation: les jachères imposées qui "menacent" la sécurité alimentaire, le manque d'avancées sur le projet de loi d'orientation et d'avenir agricoles, les "accords commerciaux qui importent des produits ne respectant pas nos normes et déstabilisant nos marchés", un "trop-plein normatif"...
"On a des taxations qui arrivent sur nos exploitations, des taxations punitives, par exemple sur le GNR, le carburant qu'on met dans nos tracteurs", dénonce aussi Benjamin Pointereau. Il s'agit d'une "réduction" d'un avantage fiscal sur l'achat de gazole non routier, en cohérence avec les objectifs de décarbonation de l'économie française, a précisé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, à l'Assemblée nationale en septembre.
"Concrètement, les agriculteurs verront la fiscalité sur le GNR augmenter de 2,85 centimes par litre de carburant en 2024", a-t-il expliqué, et "l'intégralité des revenus fiscaux liés à cette augmentation de la fiscalité sur le GNR ira à l'accompagnement des agriculteurs et à la mise en place d'une filière de biocarburant".
"On va nous augmenter cette taxation et après, on n'a pas de solution en face", estime de son côté l'agriculteur Benjamin Pointereau.

"Une action qui fait réagir"
Guillaume Testut, président du syndicat des Jeunes agriculteurs de Dordogne, explique à BFMTV l'idée derrière le retournement des panneaux: "On n'embête personne, on ne dégrade rien, par contre on a pas mal de visibilité parce que tout le monde prend la route, surtout dans nos campagnes, pour aller travailler le matin".
"Donc ils vont se poser la question de pourquoi ils ont été retournés" et "en se renseignant un peu" ils "vont pouvoir écouter et entendre notre message et c'est le but de notre action", poursuit-il.
"C'est une action qui fait réagir, les gens le comprennent", abonde Benjamin Pointereau. Il affirme que les agriculteurs ont le "soutien du monde rural", même si "par sécurité, il y a des panneaux qui ont déjà été retournés".
D'autres communes les ont laissées à l'envers, comme Mussidan, en Dordogne, où le maire déclare que "s'ils veulent le laisser comme ça pendant 15 jours, moi je n'y vois aucun inconvénient". "On a besoin d'eux, on vit et on mange grâce à leur travail", souligne aussi Stéphane Triquart.