Notre-Dame-des-Landes: les arguments des pro et anti-aéroport

Après des années de discussions, les suites à donner au projet de création d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne sont toujours pas tranchées. Ce mercredi, un rapport de médiateurs sera remis au Premier ministre pour tenter d'aider l'exécutif à prendre une décision sur l'avenir du projet. Un événement qui ravive le débat entre pro et anti-aéroport. Tour d'horizon des arguments avancés par les deux camps pour défendre leurs positions.
Favorables au projet:
Un projet indispensable au développement économique
Selon les partisans de la création d'un grand aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le projet permettrait de faire de la Loire-Atlantique une région européenne en développant son attractivité et, de fait, son économie. "Mon sujet majeur, c’est l’emploi, or cet aéroport permettra à ce territoire de rayonner encore davantage, notamment à l’international et cela sera créateur d’emplois", a notamment déclaré la maire de Nantes, Johanna Rolland dans Paris Match.
Dans les faits: Il reste très difficile de mesurer l'impact de la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes sur l'emploi. Selon la Chambre de commerce de Nantes-Saint Nazaire, le chantier pourrait créer environ 2500 postes, dont 1000 dans la recherche. Des créations d'emplois qui ne seront que temporaires selon les opposants au projet (voir ci-dessous).
Répondre à la croissance de l'aéroport existant
Les "pro-transfert" en sont convaincus: l'aéroport de Nantes actuellement en service est saturé. Une saturation non pas liée à l'unique piste qu'il comporte mais à "l'enclavement de l'aéroport dans l'agglomération qui ne permet pas d'élargir l'emprise foncière (aires de stationnement des avions insuffisantes, taxiways, parkings...) pour les 50 prochaines années", explique l'association Des Ailes pour l'Ouest, avant d'ajouter que la piste ne peut par ailleurs pas être agrandie "puisqu'elle se situe dans l'alignement du centre-ville et du lac de Grand Lieu, zone Natura 2000".
- Dans les faits: L'aéroport de Nantes a accueilli 4,77 millions de passagers en 2016 (plus de 14.000 par jour) et a enregistré 151 jours de saturation, contre 135 l'année précédente. La fréquentation était en hausse de 8,7% l'année passée et de 47% sur 5 ans.
En finir avec les nuisances sonores
Autre argument de taille pour les pro-aéroport, les nuisances sonores subies à proximité de l'aéroport actuellement en service. En effet, les avions sont contraints de survoler le centre-ville de Nantes avant d'atterrir. Une situation qui présente des risques et qui peut être gênante pour les riverains concernés, selon les défenseurs du projet.
Dans les faits: Selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), environ 42.000 riverains vivent en zone de nuisance. Ce chiffre est toutefois à relativiser. En effet, il s'agit simplement d'une estimation, qui plus est, réalisée en 2003. Or, la méthode de calcul est désormais contestée. En outre, les avions modernes sont aujourd'hui moins bruyants et moins nombreux car mieux remplis, par les compagnies low-cost notamment.
Défavorables au projet:
Un coût exorbitant
Pour les opposants, la construction d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes est une folie au vu du coût induit par un tel chantier. Ils reprochent en outre au projet, financé par un partenariat public-privé, d'être uniquement lucratif pour Vinci, qui construira le bâtiment, et coûteux pour les collectivités.
Dans les faits: D'après le rapport des médiateurs publié ce mercredi, le coût de construction de l'aéroport est estimé à 561 millions d'euros. Le coût de rénovation et d’extension de l'actuel aéroport de Nantes est estimé quant à lui entre 415 et 545 millions, dont 280 millions d'euros d'indemnités versés par l'État à AGO (Aéroports du Grand Ouest, filiale du groupe Vinci) dans le cadre d'une clause de résiliation de contrat.
Des suppressions et des transferts d'emplois:
Les anti-aéroport alertent sur ce que le transfert impliquerait sur les 1800 emplois qui dépendent de l'activité de l'aéroport. Aussi précisent-ils que l'implantation d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes détruirait 200 emplois agricoles. L'Atelier du citoyen estime en outre que 8300 emplois de 70 entreprises (dont Airbus) jouxtant l'aéroport seraient également fragilisés. En clair, les créations d'emploi seraient loin de compenser les destructions.
- Dans les faits: Comme expliqué précédemment, il est difficile d'évaluer l'impact qu'aurait la construction d'un nouvel aéroport sur l'emploi. Si la CCI de Nantes table sur 2500 emplois créés, les opposants au projet estiment qu'il ne s'agirait que d'emplois temporaires, contrairement aux destructions qui, par définition, seront bien durables.
Un projet qui ne respecte pas l'environnement
Argument central des anti-aéroport, l'impact du projet sur l'environnement. Selon eux, Notre-Dame-des-Landes est un site de 1650 hectares composé de zones humides à 98% et sa destruction causera des dommages "irréversibles" sur la biodiversité.
Dans les faits: Les acteurs favorables au projet expliquent que la future plateforme aéroportuaire du Grand Ouest doit être certifiée HQE (Haute qualité environnementale) mais les opposants jugent insuffisantes les mesures compensatoires prévues pour protéger l'environnement. Le rapport présenté par les médiateurs est partagé. Au niveau du bilan carbone, c’est l’aéroport existant qui s’en sort le mieux, selon les experts. Néanmoins, ils expliquent que si des travaux d’agrandissement de l’aéroport actuel de Nantes étaient engagés, des zones protégées seraient alors mises en danger par le trafic aérien.