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Nîmes: dans le quartier Pissevin, les services publics en retrait face à l'insécurité

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Dans le quartier Pissevin de Nîmes, victime de fusillades à répétition, la mairie a décidé de réduire la durée d'accueil des jeunes enfants pour préserver ses personnels. Aux dépends des habitants, qui dénoncent un abandon.

C'est la double peine pour les habitants du quartier de Pissevin, à Nîmes (Gard). En plus de subir une multiplication des fusillades - deux d'entre elles ont causé la mort d'un enfant de 10 ans et d'un jeune de 18 ans fin août - ils doivent faire face à un recul des services publics.

À partir de ce lundi, les horaires de l'accueil petite enfance du quartier vont être réduits de 30 minutes le matin et le soir pour les crèches, les temps périscolaires et les centres aérés pour des raisons de sécurité. Face à cette décision, les habitants du quartier comptent manifester ce lundi à 8h30.

"On se sent encore plus isolés"

"Aucune amélioration de la situation sécuritaire du quartier ne se dessine. (...) La priorité absolue doit être accordée à la sécurité des enfants et au personnel qui travaille dans ce quartier. Nous allons donc réduire leur durée d'exposition aux risques extérieurs", a justifié la mairie de Nîmes.

"Ça vient s'ajouter aux bus, ça vient s'ajouter à tout! La fermeture de la médiathèque, les médecins qui menacent de fermer, de partir...", déplore une mère de trois enfants habitante du quartier, "déjà qu'on se sentait isolés, on se sent encore plus isolés de tout: on est à l'écart de la ville de Nîmes alors qu'on est des citoyens comme tout le monde".

Depuis plusieurs semaines, le quartier de Pissevin n'est plus desservi par les transports en commun. Des arrêts temporaires ont été mis en place pour contourner cette zone gangrenée par le trafic de stupéfiants.

"Syndrome de la balle perdue"

Selon le président du comité de ce quartier, Alain Lorgeas, le maire fait le choix d'abandonner ses habitants. "Le maire de Nîmes, il est à côté de la plaque parce qu'il a délaissé les quartiers 'sensibles' autour de la ville de Nîmes. On ne baisse pas le pantalon devant une trentaine de personnes! Ce n’est pas intelligent de baisser les bras devant l'adversité", défend-il.

Sur BFMTV, le président de la communauté d'agglomération de Nîmes, Franck Proust (LR) a estimé qu'il n'était pas approprié de "parler de rupture d'égalité" face à la limitation de certains services publics dans le quartier. Il a insisté que le fait que "toutes les personnes qui travaillent sur ces quartiers mettent quotidiennement leur vie en danger".

"Depuis la mort du petit Fayed [l'enfant de 10 ans tué dans une fusillade le 20 août, ndlr] c'est le syndrome de la balle perdue", a-t-il avancé.

"C'est-à-dire qu'aussi bien les habitants que ceux qui travaillent sur ces quartiers, la problématique, c'est de se dire: 'est-ce que ça peut pas m'arriver?'", a déploré Franck Proust

La mairie n'a pas souhaité aux questions de BFMTV. Dans un communiqué, elle explique que la sécurisation du quartier relève de la responsabilité de l'État. Peu après la mort Fayed, le ministre de l'Intérieur avait annoncé le déploiement temporaire de la CRS 8, une unité de police spécialisée dans le maintien de l'ordre dans les cas de violences urbaines.

Léonie Outtier, Antoine Forestier, Mathias Tesson, Théo Bassilana avec Glenn Gillet