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Société

Mobilisation anti-loi Travail: 24 policiers et gendarmes blessés et 124 interpellations

Policiers et manifestants lors de la manifestation contre la loi Travail à Paris, jeudi 28 avril 2016.

Policiers et manifestants lors de la manifestation contre la loi Travail à Paris, jeudi 28 avril 2016. - Dominique Faget - AFP

C'est le bilan annoncé en fin de journée par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. 124 interpellations ont eu lieu en France en marge des manifestations de ce jeudi, entâchées par des heurts dans plusieurs villes.

Entre 170.000 personnes (autorités) et 500.000 (CGT) ont défilé jeudi contre la loi travail lors de manifestations émaillées de violents affrontements à Paris et en province, avec des blessés graves du côté des forces de l'ordre et des manifestants et plus d'une centaine d'interpellations. 

"24 policiers et gendarmes ont été blessés, dont trois très grièvement à Paris" et "124 interpellations ont eu lieu sur le territoire national", a annoncé en fin de journée le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

A Paris, Nantes, Rennes, Marseille, Toulouse ou Lyon, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre, en marge des défilés rassemblant salariés, étudiants et lycéens, pour la quatrième journée en deux mois à l'appel des sept syndicats de salariés et de jeunesse mobilisés contre le texte.

Sur Twitter, le Premier ministre Manuel Valls a condamné "avec force les violences d'une minorité d'irresponsables".

A Paris, 9 policiers blessés dont un en urgence absolue

A Paris, 60.000 personnes, selon la CGT, et entre 14.000 et 15.000 selon la préfecture, ont marché entre les places Denfert-Rochereau et Nation. En dehors de la capitale, quelque 209 cortèges ont réuni 155.000 manifestants, dont 15.000 jeunes, selon le ministère de l'Intérieur.

A l'entrée du pont d'Austerlitz, sur la rive gauche de la Seine, "300 manifestants cagoulés" ont lancé des bouteilles, des pavés et des extincteurs contre les forces de l'ordre, qui ont riposté à coups de gaz lacrymogènes. Les incidents ont temporairement interrompu la progression du cortège, qui n'avait pas encore passé le pont, et provoqué l'arrivée de CRS en renfort.

Neuf policiers ont été blessés et 21 personnes ont été interpellées, a indiqué Michel Cadot, le préfet de police de Paris lors d'une conférence de presse dans la soirée. L'un d'entre eux, qui a reçu un pavé au niveau du visage, se trouve actuellement dans un état d'"urgence absolue", d'après les pompiers. Il est hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière. 

Lors de cette intervention télévisée, Michel Cadot a noté la présence de "casseurs de plus en plus organisés, méthodiques", avec une "technique qui se met au point pour récupérer des pavés, récupérer du goudron et (...) attaquer le moment venu les forces de l’ordre."

Dans la soirée, Bernard Cazeneuve s’est rendu à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, au chevet du policier qui y avait été transporté en "urgence absolue". Le fonctionnaire va "mieux que cet après midi", a indiqué le ministre de l’Intérieur, ajoutant: "son état reste sérieux mais il est en de très bonnes mains, avec des médecins qui s’occupent de lui."

57 interpellations à Marseille

Quant à Marseille, la manifestation a réuni 4.800 manifestants selon le préfet de police, mais 75.000 selon la CGT et 30.000 selon FO.

Deux policiers ont été blessés et un manifestant l'a été légèrement. Les forces de l'ordre ont procédé à 57 interpellations selon le préfet de police Laurent Nuñez. La plupart se sont produites à la gare Saint-Charles, où des voies ont été envahies. Des incidents ont aussi eu lieu près de la place Castellane, point de rassemblement final des différents cortèges marseillais, avec des jets de projectiles de manifestants en direction des forces de l'ordre et des incendies de poubelles.

Manifestation dissoute à Toulouse

A Toulouse, ce sont deux policiers qui ont été légèrement blessés par des "jets de projectiles nourris" venant de manifestants aux visages dissimulés, selon la police. "Pour des raisons de sécurité, on a dû dissoudre la manifestation à mi-parcours", a indiqué la CGT, faisant état de 12.000 manifestants dans la ville rose (4.000 selon la police). Trois personnes ont été interpellées.

A Nantes, 8.500 personnes ont manifesté. Des échauffourées ont éclaté comme lors des précédentes journées. "Tout le monde déteste la police", criaient des manifestants aux visages dissimulés. Une Porsche a été incendiée. Un gendarme et un manifestant ont été blessés, et 39 personnes ont été interpellées.

A Rennes, 4.000 personnes ont manifesté au total, dont 600 individus cagoulés ou masqués. Au moins trois policiers ont été blessés, et un jeune de 20 ans a été blessé à la tête par "un tir de projectile", selon la préfecture d'Ille-et-Vilaine, qui n'a donné aucun détail sur la gravité de ses blessures. Elle ajoute néanmoins que 18 interpellations ont eu lieu, alors que les policiers déplorent six blessés. Un conducteur de deux-roues a été pris en charge par les secours après s’être interposé entre une voiture de police et des manifestants.

Lors de la précédente journée de mobilisation le 9 avril, 120.000 personnes avaient manifesté en France selon les autorités. Au plus fort de la contestation le 31 mars, elles avaient recensé 390.000 personnes et les syndicats 1,2 million.

A.M. et V.R. avec AFP