Rennes: dispersion dans le calme de la manifestation interdite après des tensions

Malgré une manifestation interdite et un centre-ville encerclé, quelque 700 manifestants se sont retrouvés samedi vers 13h00 sur l'esplanade Charles-de-Gaulle, tout près de la gare de Rennes, pour dénoncer les "violences policières".
Après une prise de parole pour fustiger "un gouvernement socialiste qui ne peut plus gouverner qu'avec le 49-3", les manifestants ont été bloqués dans les abords immédiats de la vaste esplanade. Sous les cris de "la police mutile, la police assassine", les forces de l'ordre ont empêché les manifestants de se former en cortège pour défiler dans le centre-ville. Elles ont utilisé des gaz lacrymogènes et des lanceurs de balles de défense afin de repousser ceux qui lançaient des projectiles, selon la préfecture. Personne n'a été blessé du côté des forces de l'ordre.
Vers 15 heures, le rassemblement s'est finalement dispersé dans le calme. Les manifestants étaient autorisés à quitter la place après avoir montré le contenu de leur sac-à-dos aux policiers pour "empêcher que des petits groupes se reconstituent dans le centre-ville", a expliqué la Préfecture.
Avant la manifestation, les forces de l'ordre ont effectué 22 contrôles d'identité auprès de personnes qui tentaient de se rendre sur l'esplanade. Quatre ont été placées en garde à vue, dont une qui était en possession d'un marteau et trois autres qui ont refusé de se soumettre à des prises d'empreintes, selon le préfet intérimaire et préfet délégué pour la zone de défense et de sécurité ouest Patrick Dallennes.
500 hommes, 2 hélicoptères et 4 canons à eau mobilisés
Les pouvoirs publics avaient pris un arrêté d'interdiction du rassemblement et renforcé le dispositif de sécurité: sept compagnies de CRS, deux hélicoptères et quatre canons à eau ont été mobilisés. Lors d'une conférence de presse, Patrick Dallennes avait annoncé la plus grande fermeté:
"On ne les laissera pas manifester, cette manifestation n'aura pas lieu. On fera respecter la loi, on fera respecter l'Etat de droit. La réponse sera très ferme. Tous ceux qui commettent des dégradations et des actes violents seront interpellés chaque fois qu'on pourra le faire" et déférés à la justice.
Depuis le Nigeria où il se trouve en visite, le président François Hollande a dénoncé les dégradations commises vendredi soir, estimant qu'"aucune violence ne doit être acceptée".
Depuis deux mois, Rennes est le théâtre de manifestations parfois violentes contre la loi travail. Le 28 avril, un jeune manifestant a perdu l'usage d'un oeil à la suite d’un jet de projectile, une blessure imputée à un tir de lanceur de balles de défense (LBD40) de la police, mais l'origine exacte du projectile doit encore être déterminée par une enquête en cours de l'IGPN (inspection générale de la police nationale).