Loi Macron: 30.000 membres des professions juridiques dans la rue

Les notaires lors d'une précédente manifestation, au mois de septembre 2014. - Fred Dufour - AFP
30.000 représentants des professions juridiques réglementées ont entamé, mercredi en début d'après-midi, un défilé dans Paris pour protester contre le projet de loi Macron présenté le matin même par le Premier ministre. "Nos professions ont été insultées, vilipendées. Ça suffit!", a tonné Pierre-Luc Vogel, président du Conseil supérieur du notariat, au départ du cortège, place de la République. Perché sur un podium, il a fustigé le projet de loi Macron "qui menace la sécurité juridique des Français", selon lui.
Taubira: "Les risques ont été éliminés"
Un constat que ne partage absolument pas la Garde des Sceaux. En milieu d'après-midi, Christiane Taubira, qui devait recevoir les délégations de toutes les professions de droit, leur a répondu avant cette rencontre. "Je vais les rassurer sur les inquiétudes qu'ils peuvent avoir lorsqu'elles sont infondées, et pour le reste il y aura le débat parlementaire".
"Les professions savent qu'il y a plus de quatre mois, elles étaient menacées dans leurs compétences exclusives, et l'accès au droit et à la justice pour tous était fragilisé. Mais ces risques-là ont été éliminés. Le texte que nous avons et qui a été arbitré jusqu'à hier soir (mardi, ndlr) est tout à fait acceptable, dans la mesure où il ne met pas en péril ces professions et l'accès au droit et à la justice. Au contraire, il va y introduire de la vitalité."
Vers de plus grandes structures
Le texte prévoit notamment de libéraliser l'installation des nouveaux arrivants chez les huissiers, notaires et commissaires-priseurs, de bouleverser les grilles tarifaires ou de permettre l'ouverture du capital des sociétés à d'autres professions (y compris chez les avocats).
"La libéralisation de l'installation, c'est comme de l'expropriation", a expliqué une notaire venue du Val-d'Oise, sous couvert d'anonymat.
"Je ne suis pas une fille de notaire. J'ai pris un crédit sur 15 ans et là, on change les règles du jeu en cours de route", a-t-elle ajouté. "La modification des tarifs nous ferait perdre 20% de notre chiffre d'affaires, c'est-à-dire la moitié de notre résultat", assure Karine Boy, notaire à Trevoux, dans l'Ain, qui est venue à Paris avec les 14 collaborateurs de son étude.
Pour elle, la libéralisation de l'installation des notaires et l'ouverture du capital à d'autres professions favorisera le développement de grandes structures qui n'assurent plus certaines missions, notamment le conseil de proximité, en région. Une délégation devait être reçue dans l'après-midi par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, puis, plus tard, par le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron. Mercredi matin, quelque 200 commissaires-priseurs, certains venus de province, s'étaient rassemblés aux cris de "Macron démission" dans le hall de l'Hôtel Drouot à Paris pour protester contre le projet de fusion de leur profession avec celle des huissiers et des mandataires judiciaires, qui ne figure finalement pas dans les documents présentés par Bercy.