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Manifestations

Les magistrats en grève du zèle pour obtenir des moyens

Dix-sept syndicats et organisations du monde judiciaire français ont entamé lundi une grève du zèle dans les tribunaux pour demander davantage de moyens et protester contre la réforme de la procédure pénale. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

Dix-sept syndicats et organisations du monde judiciaire français ont entamé lundi une grève du zèle dans les tribunaux pour demander davantage de moyens et protester contre la réforme de la procédure pénale. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

PARIS (Reuters) - Dix-sept syndicats et organisations du monde judiciaire français ont entamé lundi une grève du zèle dans les tribunaux pour...

PARIS (Reuters) - Dix-sept syndicats et organisations du monde judiciaire français ont entamé lundi une grève du zèle dans les tribunaux pour demander davantage de moyens et protester contre la réforme de la procédure pénale.

Ils entendent appliquer strictement les règles de fonctionnement des juridictions, comme l'obligation de disposer d'un greffier à l'audience, pour protester contre l'engorgement de la chaîne judiciaire.

Cette action fait suite à une première journée d'action menée le 9 mars dernier, qui avait vu des milliers de magistrats, avocats, gardiens de prison et autres personnels de justice manifester dans toute la France.

La justice française a fonctionné en 2009 avec 6,6 milliards d'euros (2,5% du budget de l'Etat). Le Conseil de l'Europe classe la France au 35e rang sur 43 pour son effort financier en faveur de la justice.

Pour Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), le but du mouvement est d'adresser un message à l'opinion.

"Le monde judiciaire veut exprimer son ras-le-bol sur l'absence de moyens donnés à la justice depuis des années. S'il n'y avait pas la conscience professionnelle de tout le monde, la machine pourrait s'arrêter de fonctionner", a-t-il dit à Reuters.

Le ministère de la Justice "entend les inquiétudes", a dit son porte-parole, Guillaume Didier, mais il estime que des efforts sont consentis. Le budget de la justice a été augmenté de 50% entre 2002 et 2010 et 400 postes de magistrats - autant de greffiers - ont été créés depuis 2007, a-t-il dit.

Les protestataires demandent aux juges de faire en sorte que les audiences ne durent pas plus de six heures de suite et aux magistrats siégeant seuls de renvoyer l'examen des affaires devant des formations collégiales.

Le projet de réforme de la procédure pénale, avec notamment l'idée de supprimer le juge d'instruction, a été repoussé sine die. Alors qu'il était question d'une présentation au Parlement en 2011, aucune date n'est plus fixée.

Le gouvernement assure cependant que le projet est maintenu. Les magistrats s'inquiètent en outre du fait que, en raison de limitations de crédits, de nombreuses juridictions sont depuis plusieurs mois dans l'incapacité de payer leurs frais.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse