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Les parents de Matthieu, l’assassin d’Agnès Marin: "On n'a rien vu"

Des messages et des fleurs sont déposés, le 21 novembre 2011, devant le domicile familial à Paris d'Agnès Marin, collégienne de 13 ans, violée et assassinée le 16 novembre par un lycéen de son établissement à Chambon-sur-Lignon.

Des messages et des fleurs sont déposés, le 21 novembre 2011, devant le domicile familial à Paris d'Agnès Marin, collégienne de 13 ans, violée et assassinée le 16 novembre par un lycéen de son établissement à Chambon-sur-Lignon. - Mehdi Fedouach - AFP

Leur fils, Matthieu, a été condamné en 2014 à la prison à perpétuité pour le meurtre et le viol d'Agnès Marin, un collégienne de 13 ans. Un drame sur lequel reviennent Sophie et Dominique Moulinas dans un livre, Parents à perpétuité. Meurtris, ils confient "n'avoir rien vu" qui aurait laissé penser que leur fils deviendrait un jour un meurtrier.

Leurs voix s'alternent, calmes, ponctuées de silences, l'un finissant parfois la phrase de l'autre. Unis, Sophie et Dominique Moulinas évoquent Matthieu, leur aîné, condamné en 2014 à la prison à perpétuité pour le viol et l'assassinat en 2011 au Chambon-sur-Lignon d'Agnès Marin, une collégienne de 13 ans. Invités de France Inter ce mardi à la veille de la publication de leur livre, Parents à perpétuité (Flammarion), ils confient chercher à comprendre ce qui a mené au drame. 

"On a dû louper quelque chose, on n’a rien vu, nous, dans le comportement de Matthieu, qui nous a laissé penser un jour qu’il allait devenir ce qu’il est, c’est-à-dire un meurtrier", témoigne Dominique Moulinas, le père du jeune détenu. Et de répéter, comme pour s'excuser: "On n’a rien vu".

Sophie Moulinas, la mère, retrace l'enfance de leur garçon, dans le Gard. Lui est enseignant, elle comptable. "Dès la grande section de maternelle, Matthieu a soulevé des soucis d’attention et de motricité fine. Nous l’avons amené chez des médecins, chez des psychologues, chez des orthophonistes. On voulait qu’il grandisse bien, qu’il évolue bien", explique-t-elle. "Et jusqu’à ses 16 ans c’est ce qui est arrivé."

"Coup de massue"

Une cassure intervient à ce moment-là. Matthieu, alors âgé de 16 ans, est arrêté pour le viol d'une jeune fille de 15 ans, Julie, à l'été 2010. 

"Nous on n'a pas pris la mesure", juge aujourd'hui Dominique Moulinas. "Sur le premier crime de Matthieu, on n'a pas compris grand chose. Mais en même temps on n'était pas en état de comprendre quoi que ce soit. Vous savez l'expression 'coup de massue': on a été anéantis par ça. Anéantis et seuls. C'était tellement atroce, on ne comprenait rien".

Après quatre de détention provisoire, la justice estime Matthieu apte à sortir sous contrôle judiciaire. Un peu plus d'un an plus tard, à 17 ans, il viole Agnès et la tue de 17 coups de couteau. 

"Cauchemars"

Pour Dominique Moulinas, il y a eu une "longue chaîne" d'erreurs, y compris au sein de la justice. 

"On est, tous les deux, ni rien ni personne pour dire 'tel expert s'est planté'", dit-il. "Evidemment qu’on est nombreux à s’être plantés. Et sur cette longue chaîne qui a mené au meurtre d'Agnès, on en fait partie de cette chaîne". 

"Bien sûr qu'on cherche" à comprendre ce qu'il a pu se passer, raconte Sophie Moulinas. "On se refait le film. On fait des cauchemars. Ça vous submerge."

"Il est malade, on a besoin qu'il soit soigné"
Pour autant, le couple, qui a aussi deux filles de 17 et 11 ans, en est convaincu: Matthieu est malade et a besoin d'une prise en charge particulière.

"Le psychiatre qui le suit, depuis bientôt quatre ans, évoque une forme de schizophrénie. Il est sous traitement, et pour autant il est en prison", rapporte Dominique Moulinas. "Je ne vous dis pas que les malades mentaux leur place est parmi nous, je vous dis que les malades comme Matthieu doivent être enfermés dans des institutions spécialisées". "Il est malade, on a besoin qu'il soit soigné", abonde sa mère. "Pour ne jamais recommencer, jamais plus recommencer." 

V.R.