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Société

Les "indignés" français campent toujours à La Défense

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Bruno Le Maire parle d'une "guerre contre les marchés". Le président de l’AMF fustige leur "dictature", contre laquelle les citoyens finiront par se révolter. Et une centaine d’"indignés français" campent depuis 15 jours à La Défense, dénonçant ce "temple de la finance".

La fronde contre les marchés financiers, au sommet de l'Etat ? Hier dimanche, le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire a parlé d'une "guerre contre les marchés". Et dans le JDD, Jean-Pierre Jouyet, le président de l'autorité des marchés financiers (AMF), fustigeait la dictature des marchés, expliquant qu'à terme les citoyens finiront par se révolter contre cette dictature.
Des phrases qu'on entend plutôt dans les rangs des Indignés. Le mouvement né en Espagne le 15 mai dernier et qui s'est étendu un peu partout sur planète. Des milliers de campements ont fleuri pour dénoncer le pouvoir de la finance.

« A la moindre tente sortie, les CRS interviennent »

Les plus symboliques se situent en Espagne sur la Puerta Del Sol à Madrid, à Wall Street à New-York et au cœur de la City à Londres. A Paris, le mouvement peine à percer, mais des Indignés français sont installés sur le parvis de La Défense depuis 15 jours. Ils sont une centaine à « dormir dans des duvets à la belle étoile, y compris quand il pleut et quand il fait froid », explique l’un d’eux, Jean, dans des conditions pour le moins drastiques : « A la moindre tente ou bâche sortie, les forces de l’ordre interviennent. On arriverait presque au ridicule d’interdire les parapluies, considérant que ce sont des toits ».
Difficile donc de faire venir du monde. Les nombreux CRS – il y a avait une dizaine de car hier –, font tout pour décourager les jeunes : « Un matin ils nous ont réveillés à 7h en nous enlevant les cartons sur lesquels on dormait. Pendant un jour ou deux ils nous laissent avoir des chaises, et puis ils chargent pour nous les enlever et il faut tout refaire ». Des opérations qui ne découragent pas Eva : « Je suis très frileuse, mais je suis là tous les soirs. Parce que pour une cause, je suis prête à aller loin ». Ils étaient plus d'une centaine encore ce lundi matin à faire le siège de ce qu'ils appellent "le symbole de la finance qui fait souffrir l'humanité".

« Le droit de construire un monde meilleur »

Les indignés ont-ils le sentiment d'être entendus par les politiques ? « Non », répond Guillaume, installé sur le parvis de la Défense et persuadé que ceux-ci « sont loin d’être en guerre contre les marchés : ils n’en ont pas besoin puisqu’ils ont le pouvoir politique. Ils ont juste à imposer les choses, définir les règles et nous représenter. Nous non plus on n’est pas en guerre contre le système ; on exige juste le droit de s’exprimer et de construire un monde meilleur. On ne veut pas s’acharner sur un système qui se casse déjà la gueule tout seul ; on veut juste avoir le droit de poser des briques à côté, pour commencer à construire notre nouveau système ».

« Parce que la France n’a pas encore subi la crise de plein fouet »

Et si le mouvement français des indignés mobilise beaucoup moins de monde que ceux de Madrid ou New York, pour Adrien, l’un des Indignés français, c’est « parce qu’en France on n’a pas encore subi la crise de plein fouet ; Fillon vient à peine de décider les mesures d’austérité ; on l’a pas encore ressenti dans la vie quotidienne. Et en France, les gens sont habitués à suivre l’appel des syndicats, leur parti politique. Donc il faut plus de temps pour expliquer aux gens. Mais ça prend dans le sens où chaque fois qu’on fait une assemblée, les gens s’arrêtent. Après, dans le sens d’un mouvement populaire global, c’est pas encore ça, il faut le créer ».