La Smerep accusée de culpabiliser les étudiantes qui ont eu recours à une IVG

- - AFP
Début septembre, la Smerep -une sécurité sociale et mutuelle étudiantes- a publié un communiqué de presse à l'occasion de la journée de la contraception qui aura lieu à la fin du mois. Il est intitulé: "5% des étudiantes ont déjà eu recours à une IVG".
Le texte, repéré par Buzzfeed, explique que "la Smerep tire la sonnette d'alarme quand au comportement à risque des jeunes femmes ayant trop souvent recours à la contraception d'urgence ou encore à l'IVG". Il donne le pourcentage d'étudiantes qui "n'utilisent pas systématiquement le préservatif lors d'une relation sexuelle", sans faire de même pour les hommes.
"Les résultats sont alarmants sur la population des lycéennes françaises, puisqu'elles sont plus d'1 sur 5 à déclarer avoir déjà eu recours à la contraception d’urgence (...). En Île-de-France, les lycéennes sont 31% à avoir déjà pris la pilule du lendemain."
"C'est un discours culpabilisant"
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Comme Véronique Sehier, coprésidente du Planning familial, qui a vivement dénoncé un propos stigmatisant sur le site Madmoizelle. "C'est un discours culpabilisant", selon la professionnelle, qui assure que la pilule du lendemain n'est pas dangereuse.
"Effectivement ça peut mettre le bazar au niveau du cycle et ça ne remplace pas une contraception, mais il faut arrêter de dire que ça présente des risques." Elle ajoute: "Ce ne sont pas des cours de morale qui vont permettre aux adolescents de vivre mieux leur sexualité ou qui vont éviter les grossesses non désirées, ni limiter la transmission des IST."
Sur Twitter, les réactions d'indignations ont été nombreuses. Comme Claire Serre-Combe, la porte-parole d'Osez le féminisme, qui interpelle la Smerep, lui faisant remarquer qu'elle se trompe sur la signification de l'acronyme IVG.
Pierre Faivre, chargé de prévention à la Smerep, a évoqué "les conséquences psychologiques parfois graves" que les femmes "peuvent vivre lors de la pratique d'une intervention volontaire de grossesse".
C'est un pharmacien, qui utilise le pseudo HygieSuperBowl, qui a repéré ce communiqué et a expliqué mardi dans une série de tweets en quoi il posait problème.
D'autres internautes ont également dénoncé un communiqué "sexiste" et accusé la mutuelle étudiante de culpabiliser les jeunes femmes. Nombre d'entre eux ont dénoncé un texte "réactionnaire" qui blâme les étudiantes ayant déjà eu recours à une interruption volontaire de grossesse.
Certains utilisateurs de Twitter ont fait remarquer à la mutuelle étudiante que les jeunes hommes étaient tout autant concernés par la contraception que les jeunes femmes.
D'autres internautes ont également dénoncé un discours moralisateur, pouvant laisser entendre une éventuelle opinion défavorable de la Smerep quant au recours à l'IVG.
"La Smerep a toujours voulu être apolitique"
Contacté par Buzzfeed, le président de la Smerep, Hadrien Le Roux, s'est défendu de toute prise de position. "Il n'y a ni jugement moral, ni arrière-pensée", a-t-il réagi.
"La Smerep a toujours voulu être apolitique. On ne fait pas de politique, on est seulement là pour parler de la santé des étudiants."
Pourtant, comme l'a remarqué une utilisatrice du réseau social, le communiqué a été repris par des sites hostiles à l'interruption volontaire de grossesse.