La fin des camionnettes au bois de Boulogne

Un arrêté préfectoral du 1er mars interdit dans les bois de Boulogne et de Vincennes, « l’arrêt et le stationnement des véhicules conçus et construits pour le transport de marchandises et ayant au moins quatre roues ». Une manière d'éradiquer la prostitution dans le bois.

Un commissaire du 16e arrondissement a prévenu : dans le bois de Boulogne, l'arrêté visant à l'interdiction des camionnettes entrera en application dans 9 jours. Il reste donc une grosse semaine aux prostituées pour trouver une alternative. Et trois s’offrent à elles : le trottoir, la voiture, ou la camionnette à l'extérieur du bois. Les prostituées qui travaillent sur le trottoir, de loin les plus nombreuses dans le bois de Boulogne, ne sont donc pas concernées.

« La camionnette c’est un peu plus de confort, plus de sécurité »

Cloé Navarro est prostituée porte Dauphine à Paris. Elle est porte-parole du STraSS (syndicat du travail sexuel). Pour elle, cette décision est contestable : « C’est vrai que la camionnette c’est un peu plus de confort, plus de sécurité. Cet arrêté va changer les habitudes des filles et des clients. C’est encore une fois une loi discriminatoire à l’encontre des travailleurs du sexe. Nous étions là avant la politique et les politiciens, nous serons là après. Nous sommes un besoin de la société. Les prostituées font partie de notre société. La plupart sont Françaises, il faudrait arrêter de les cacher. On n’est pas juste là pour payer des impôts et des amendes ».

« Toutes n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture »

Morganne Merteuil est présidente du STraSS. Elle rappelle qu’il est parfois délicat pour certaines prostituées d’utiliser une voiture : « Beaucoup ont eu recours à la camionnette car c’est un moyen de ne pas être directement sur le trottoir et éviter le délit de racolage. Toutes n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture. Et il y en a, en voiture, qui se font arrêter pour racolage. Ce que l’on craint c’est qu’elles partent encore plus loin pour éviter la police. Et pour celles qui vont rester ce sera plus d’arrestations ».
Le nombre de prostituées en France est estimé entre 20 000 selon les autorités et 200 000 selon les associations. Elles sont 180 recensées dans le bois de Boulogne. En 2011, on a compté plus de 1 176 interpellations pour racolage, dont 1 018 gardes à vue.