L'Eglise ne veut pas entendre parler de réquisition

Face à la pénurie de logements d'urgence à l'entrée de l'hiver, la ministre Cécile Duflot a interpellé l'archevêché de Paris pour qu'il mette des locaux vides à disposition. Une demande qui a fortement agacé les catholiques.

Un « choc de solidarité » est nécessaire, estime Cécile Duflot car le déficit de places d'urgence est « inquiétant ». La ministre du logement a donc demandé à l’Eglise de mettre des logements vacants à disposition des plus démunis. L’évêché se défend : ses locaux ne sont pas disponibles. Et l'Eglise affirme qu'elle n'a pas attendu les demandes de la ministre pour agir. Dans un communiqué commun, le Diocèse de Paris (archevêché de Paris) et la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref) se disent « mobilisés pour venir en aide aux sans-abri ». « Avant d'en appeler à l'Eglise, Madame Duflot s'est-elle penchée sur les surfaces disponibles dans les administrations, les banques, les compagnies d'assurance, l'Etat ? », demandent le Diocèse de Paris et la Corref.

« C’est à l’Etat de solutionner le problème »

En réalité, l’Eglise est un peu agacée car depuis toujours l’institution porte attention aux plus démunis. A Bondy en Seine-Saint-Denis, depuis un mois, avant l’appel de Cécile Duflot, des travaux ont démarré à la paroisse afin de transformer un ancien local. « On est en plein travaux depuis deux semaines, ça coûte assez cher. C’est la générosité de nos paroissiens qui nous le permet pour pouvoir remettre aux normes l’électricité ou les évacuations incendie. Nous avons aussi encore des lits qui doivent arriver », a expliqué le Père Marc Fassier qui a décidé de transformer un ancien local en centre d'accueil pour sans-abri. Un projet difficile à mettre en œuvre car il faut tout gérer de A à Z. « L’appel de Cécile Duflot est un peu violent parce que nous essayons de faire ce que nous pouvons sur le terrain, mais c’est peut-être avant tout à l’Etat de parvenir à solutionner ce problème du logement », a-t-il déclaré sur RMC.

« La révérente mère Cécile Duflot n’a pas tort mais… »

De son côté, le père Guy Gilbert, « le prêtre des loubards » n’est pas tout à fait d’accord avec Cécile Duflot même s’il reconnaît une part de vérité sur la réalité des logements de l’Eglise. « Je pense que la révérente mère Cécile Duflot n’a pas tout à fait tort en disant que l’Eglise a des bâtiments vides, reconnait-il sur RMC. Mais moi ce que je vois, c’est qu’il faudrait un truc durable. Il y a des paroisses à Paris qui prennent dix personnes et qui ne les jettent pas dehors à 7 heures du matin comme dans un chenil. Ils restent avec eux, ils cherchent un logement, du travail. Voilà qui est cohérent ».

Quels biens possède l’Eglise ?|||

L’Eglise n'a jamais publié la liste ou la valeur exacte de ses biens. Mais l’Eglise possède environ 40 000 à 50 000 immeubles à usage quotidien (presbytères, salles de réunion, locaux à usage culturel…). L'Eglise posséderait par ailleurs des biens locatifs, dont les loyers rapporteraient 23 millions d'euros par an, selon une estimation du journal La Croix. En ce qui concerne les logements vacants certaines associations de défense des mal-logés affirment que l'Eglise possède des milliers de mètres carrés inoccupés en plein centre de Paris. Certaines congrégations seraient logées dans des bâtiments immenses alors qu'elle n'abrite plus que quelques religieux. Faux, répondent ces derniers en expliquant qu'ils louent des chambres à des étudiants ou à des religieux étrangers.

T.de Dieuleveult avec S. Collié.