Joueur accro : un buraliste envoie la FDJ devant la justice

Un buraliste envoie la Française des jeux devant la justice pour lui avoir retiré son agrément. En 2012, un de ses clients, joueur addict, s’était suicidé alors que sa dette de jeux approchait les 200 000 euros.

Il était joueur addict, il s’est suicidé, mais la Française des jeux (FDJ) a trouvé un coupable : le buraliste. Qui a décidé de ne pas se laisser faire. Michel Chomyn estime en effet que son agrément lui a été retiré « abusivement » après le suicide d'un joueur ayant perdu des dizaines de milliers d'euros dans son commerce de Trie-Château, dans l’Oise. Il réclame donc aujourd'hui devant le tribunal de commerce la somme de Nanterre 482 000 euros à la Française des jeux.

« Il a misé 187 000 euros au total »

Le joueur, Benjamin Cavalon, âgé de 23 ans, s'était suicidé en mai 2012 en se jetant du pont de Gennevilliers. Interdit de casinos, il s'était mis à parier plusieurs fois par semaine, essentiellement sur des matches de basket-ball américain. Il aurait notamment misé 53 000 et 16 000 euros avec des chèques émanant de proches. Daniel Richard, l’avocat du buraliste, s’étonne que son client soit sanctionné par la Française des jeux qui, de son côté, n’a pris aucune mesure. « A partir de janvier 2012, Benjamin a commencé à jouer avec des chèques de 16 000 euros, des chèques de banque. Il a misé 187 000 euros au total, jusqu’au 26 mai 2012, date à laquelle il s’est suicidé », note l’avocat, qui ironise : « Je m’étonne : la Française des jeux a encaissé des sommes très importantes et elle n’est absolument pas inquiétée de ce pic de jeux dans une toute petite commune ».

« La Française des jeux a une responsabilité »

Si son client attaque la Française des jeux, c’est avant tout pour « obtenir le rétablissement de son agrément », rappelle l’avocat. « J’ai aussi évoqué 50 000 euros au titre de préjudice moral, car en le désignant comme coupable, la Française des jeux a fait que des gens déséquilibrés ont écrit sur sa façade les mots "assassin" et "escroc". La Française des jeux a une responsabilité. Et d’une façon hypocrite, elle dit faire ce qu’il faut contre le jeu addictif ».

M. Chaillot avec Ryad Couto