Il usurpe une identité pendant 50 ans

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Un Haïtien de 72 ans, Jean-Claude Marimontou, s'est fait passer pour Guy Brival, un habitant de Rennes originaire de La Guadeloupe après lui avoir volé son livret de famille en Guyane. C'était il y a 54 ans. Quelques temps après, c’est à Cannes que le voleur de papiers va mettre en œuvre son forfait et commence à utiliser l’identité de sa victime. Avec les documents volés, il se refait une carte d'identité et ouvre même un compte en banque. Ce qui lui permet de séjourner légalement en France.
Tout se passe bien jusqu’en 1995
Jusqu’en 1995, tout se passe comme si de rien n’était. L’usurpateur vit tranquillement sans être inquiété. Mais en cette année d’élection, Guy Brival, qui veut faire son devoir de citoyen découvre avec stupéfaction qu'il n'est pas inscrit à Rennes mais au Cannet dans les Alpes-Maritimes. C’est à ce moment-là que Guy Brival prend conscience qu’il s’est fait voler son identité, qu'on lui a "volé sa vie". Guy Brival décide alors de porter plainte. Cela aura mis du temps mais l'usurpateur a été interpellé mardi par la brigade mobile de recherche cannoise de la police aux frontières avant d'être libéré sous contrôle judiciaire, vendredi. L'affaire est renvoyée devant le procureur de Grasse en septembre. Sur les trois dernières années, l’usurpateur aurait perçu 30 000 euros d’allocations.
« Les victimes découvrent l'usurpation entre 2 et 20 ans après »
Chaque année, on recense 210 000 victimes d'usurpation d'identité. Christophe Naudin est expert en criminologie identitaire. Il a expliqué sur RMC pourquoi les victimes d'usurpation mettent beaucoup de temps pour se rendre compte d'une telle situation : « Les victimes de la criminalité identitaire découvrent souvent à leur insu que l’on a utilisé leur identité entre deux et vingt ans après les faits. Pourquoi ? Parce que l’Etat s’est imposé un certains nombre de règles notamment le non-croisement des fichiers. Cela empêche les différentes administrations de faire les recoupements qui éviteraient les usurpations d’identité ou les substitutions d’identité ».
« Pas de lien entre la personne, le porteur et le document »
« S’il s’agit du livret de famille d’une carte d’identité ou aujourd’hui de votre passeport biométrique, il n’y a pas de lien entre la personne, le porteur et le document en lui-même », confie Christophe Naudin sur RMC. « Donc malheureusement, il suffit simplement d’utiliser un document et de se l’attribuer. Après vous pourrez obtenir tous les autres documents automatiquement. Il suffit d’avoir un document pour avoir une probation de son identité ».