Les dentistes en grève pour une revalorisation des remboursements sécu

Paul Cattanéo, chirugien dentiste à Paris. - -
Garantir la meilleure qualité de soins en renouvelant le matériel pour qu'il reste à la pointe de la technologie, assumer 65 à 70% de charges: telles sont les contraintes quotidiennes, qu'affirment subir les dentistes, appelés à la grève lundi.
La Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), qui représentente un tiers de la profession, proteste contre le gel des tarifs de la Sécurité sociale, bloqués "depuis 25 ans".
Comme les médecins, les dentistes sont autorisés à faire grève mais les préfets ont le pouvoir de les assigner pour assurer la continuité des soins.
"Beaucoup de gens ne savent pas que nous assurons des gardes, et se tournent vers les urgences des hôpitaux, souvent saturées. C'est aussi le but de notre action", explique Catherine Mojaïsky, présidente du CNSD. Des gardes dentaires sont prévues le dimanche et les jours fériés dans "quasiment tous les départements", mais l'organisation varie et "les gens ne savent pas quel numéro appeler", déplore-t-elle.
La CNSD réclame la parution d'un décret qui doit permettre d'harmoniser les dispositifs, mais aussi de mieux rémunérer les gardes, à hauteur de 75 euros la demi-journée, et une majoration spécifique en cas d'intervention.
Ce décret est "en cours de rédaction", a assuré jeudi le directeur de l'assurance maladie, Frédéric Van Roekeghem.
La tentation des "honoraires libres" pour compenser
Lundi donc, un message sur le répondeur des cabinets fermés indiquera: "C'est pour vous permettre un meilleur remboursement que votre chirurgien-dentiste se bat".
La CNSD "entend informer les patients sur la réalité trop souvent masquée de leurs remboursements, et rappeler l'Etat et l'assurance maladie à leurs responsabilités".
Selon elle, l'assurance maladie "s'est complètement désengagée du domaine bucco-dentaire" qui "ne peut plus être abandonné". "C'est un état de fait, les prothèses dentaires, les tarifs depuis 25 ans sont les mêmes: 107,50 euros dans l'exemple d'une couronne (...). La Sécurité sociale ne remboursant que 70%, cela fait 75,25 euros. Il y a 25 ans, on pouvait peut-être encore proposer quelque chose à ce tarif-là. Aujourd'hui, c'est vraiment impossible", témoigne Benoît Caloone, dentiste à Wasquehal, dans le Nord.
Une étude du magazine 60 Millions de consommateurs avait dénoncé en novembre les "dérives tarifaires" de certains actes dentaires.
Face à ces accusations, les dentistes affirment que le gel des tarifs de la Sécu les conduit à "compenser" sur les actes à honoraires libres. La profession compte environ 37.000 praticiens.