Environnement : 38 mesures pour la qualité de l’air, le diesel toujours en question

Les voitures les plus polluantes pourraient se voir refuser l'accès des grandes villes en cas de pic de pollution. - -
Trente-huit solutions pour éviter une grosse sanction. Menacé d’amendes par Bruxelles, le gouvernement a dévoilé mercredi son plan d'urgence pour la qualité de l'air à l'issue du Comité interministériel sur le sujet. La France ne respecte pas la réglementation en matière de pollution, et notamment d'émission de particules fines, dont les véhicules diesel sont les principaux responsables. Selon les données officielles, 12 millions de Français ont vécu en 2011 dans des zones où la pollution aux particules fines excède les normes européennes, des particules qui seraient à l’origine de 42 000 morts prématurées chaque année dans le pays.
Vitesses réduites sur le périphérique
Parmi les 38 mesures, la ministre de l’Environnement Delphine Batho envisage donc de restreindre la circulation aux véhicules « vertueux » écologiquement en cas de pic de pollution. Le plan évoque aussi la possibilité de réduire la vitesse sur certains axes à forte fréquentation (comme le périphérique parisien, dont la limitation pourrait passer dans les prochains mois de 80 à 70 km/h). La question de l'interdiction du diesel, elle, a été repoussée par la ministre au printemps, dans l'attente des travaux de la commission chargée de réfléchir à la fiscalité écologique.
Les voitures polluantes interdites en cas de pic de pollution
Pas question pour autant de ressortir cette bonne vieille pastille verte, censée signaler les véhicules les plus propres. Delphine Batho, ministre de l'Ecologie, a expliqué sur RMC vouloir un système plus novateur. « Ce sera un dispositif différent. En cas de pic de pollution, si on a une voiture électrique ou vertueuse sur le plan environnemental, on aura le droit de circuler. Il faut que ce véhicule, on puisse le distinguer des autres. Pour cela, on doit encore faire un travail technique, ce ne sera pas le même système que la pastille verte, pare qu’il y a aujourd’hui des systèmes beaucoup plus modernes qui permettent à ces véhicules d’être repérés par des systèmes électromagnétiques ». La mesure pourrait concerner les six millions de véhicules les plus anciens.
« Il faut proposer des alternatives »
Savoir s’il faut interdire le diesel, en revanche, continue de diviser. Selon Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, il faut arrêter le tout répressif. « La problématique qui se pose sur le Diesel, c’est sur les véhicules les plus anciens, car les véhicules diesel neufs émettent extrêmement peu de CO2 et de particules fines. Mais on ne peut pas restreindre la circulation. Ce qu’il faut, c’est proposer des alternatives qui leur permettent d’accéder aux véhicules les plus vertueux, une prime à l’achat du véhicule de remplacement. Si on ne propose que des restrictions, et bien on n’y arrivera pas ».
« Nous payons une triple peine »
Pourtant, le diesel est en perte de vitesse dans la plupart des pays occidentaux, et même interdit dans certaines zones, comme tous les centre-villes du Japon par exemple. La France, qui a beaucoup misé sur cette technologie, fait figure d’exception. Pour le docteur Patrice Halimi, et secrétaire général de l’Association santé environnement France (Asef), on ne peut plus attendre. « Nous payons une triple peine. Une peine sanitaire, 42 000 morts par an liés à la pollution diesel. Une peine fiscale, il faut bien payer pour les gens malades, donc il y a un coût sanitaire pour la Sécurité sociale, et maintenant il va y avoir un coût fiscal pur quand l’Europe nous donnera des pénalités parce que nous ne respectons pas nos engagements ». La volonté du gouvernement de ne pas interdire immédiatement le diesel lui paraît donc être une erreur. « Nous avons une jambe cassée, et aujourd’hui le gouvernement nous propose de soigner un rhume et il verra plus tard pour s’occuper de l’hémorragie ! »