Egalité salariale: la France "est à peu près dans la moyenne"

Dans le secteur privé en France, l'écart salarial entre les femmes et les hommes oscille entre 24 et 28% - -
Les femmes gagnent moins que les hommes. Un proverbe? Non, une réalité toujours d'actualité. Selon une étude de l'INSEE publiée en 2013, une femme doit travailler l'équivalent de 77 jours de plus qu'un homme par an pour toucher le même salaire.
Afin d'alerter sur ces discriminations, l'association internationale Business & Professionnel Women (BPW) organise tous les ans la Journée de l'égalité salariale, l'"Equal Pay Day", fixée en France cette année au 7 avril. L'occasion de faire le point sur sur les disparités de salaires entre femmes et hommes, à travail et compétences égaux, avec Christiane Robichon, présidente de BPW France.
En 2014, quels sont les chiffres de l'inégalité salariale entre les hommes et les femmes?
Selon nos dernières informations (étude INSEE datée de 2012 et publiée en mars 2013, ndlr), l'écart de salaire entre les deux sexes dans le secteur privé s'élève à 28%. Ainsi, si une femme veut gagner autant qu'un homme, il lui faudra travailler 77 jours de plus. Mais, cet écart a tendance à se réduire, puisque d'après les enquêtes menées par le ministère des Droits des femmes en 2012, la différence salariale tournerait désormais autour de 24%. Ce qui est une excellente nouvelle.
En revanche, tous secteurs confondus (privé et public), l'écart de salaire entre les hommes et les femmes était de 27% l'année dernière.
Pourquoi avoir mis l'accent sur le secteur privé?
Nous avons fait le choix cette année de mettre en valeur les femmes qui entreprennent, comme dans l'artisanat. Seulement 23% d'entre elles sont chefs d'entreprise en France. Alors que ces dernières sont plus touchées par le chômage que les hommes, nous sommes convaincus qu'elles devraient pouvoir accéder à d'autres statuts que l'entreprise.
Par exemple, étant perfectionnistes, les femmes pourraient tout à fait s'illustrer davantage dans la mécanique de précision. Malheureusement, ce type de formation professionnelle est très sexuée. Et l'on a tendance à orienter les femmes vers des métiers de service. Les formations n'étant pas forcément adaptées, on ne pense pas à elles pour des secteurs comme la construction ou le bâtiment.
Et à échelle internationale, où se situe la France par rapport aux autres pays?
Notre pays est à peu près dans la moyenne. L'écart de salaire le moins important revient, sans grande surprise, à la Suède, avec seulement 14%. L'Allemagne, l'Espagne, par exemple, oscillent entre 24 et 30%.
Si la Suède fait une nouvelle fois figure de bonne élève, c'est parce que comme nombre de pays nordiques, elle a su mettre en place une politique en faveur de la parité assez tôt. Mais en France, depuis que le ministère des Droits des femmes a été réhabilité en 2012, les effets désirables commencent à se voir. De plus en plus de femmes siègent dans des conseils d'administration, et des sanctions sont désormais prises lorsque les entreprises ne respectent pas la loi.
Quels conseils à donner aux femmes salariées?
D'abord, nous saluons l'initiative de la ministre Najat Vallaud-Belkacem d'avoir lancé l'application "Leadership" (pour mobiles et smartphones). Cet outil va pouvoir aider à "coacher" les femmes au travail. Car elles ont besoin de s'affirmer, de se positionner, et d'avoir plus confiance.
Souvent, les femmes doivent en faire dix fois plus que ce qui est attendu, et peuvent même être l'objet de railleries. Ces formes de discriminations sont intolérables et doivent être dénoncées. Enfin, la femme ne doit surtout pas avoir peur de négocier. Elle doit pouvoir oser parler d'argent, et mettre en valeur son savoir-faire.
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