Retour à l'école: des syndicats dénoncent une fiche pédagogique sur le "séparatisme"

Une salle de classe d'école primaire (Photo d'illustration) - Wikimedia Commons
Deux syndicats d'enseignants ont dénoncé lundi la formulation d'une fiche pédagogique du ministère de l'Éducation nationale alertant contre le "séparatisme" et qui stigmatisent, selon eux, les musulmans.
Dans cette fiche mise à disposition des enseignants en vue du retour progressif à l'école, il est indiqué que "la crise du Covid-19 peut être utilisée par certains pour démontrer l'incapacité des États à protéger la population et tenter de déstabiliser les individus fragilisés".
"Divers groupes radicaux exploitent cette situation (...). Ces contre-projets de société peuvent être communautaires, autoritaires et inégalitaires", est-il écrit dans cette fiche intitulée "Coronavirus et risques de replis communautaristes".
"Stigmatisation islamophobe"
Le texte détaille ensuite plusieurs "enjeux", parmi lesquels "lutter contre les replis communautaristes qui portent atteintes aux valeurs du pacte républicain et contre toute manifestation de séparatisme". Mais aussi "lutter contre la désinformation, les théories complotistes, les rumeurs et les fake news sur le Covid-19 utilisées à des fins mercantiles et politiques".
Selon le syndicat minoritaire Sud-éducation, cette fiche vise "explicitement (...) les musulmans ou identifiés comme tels".
"L'expression 'séparatisme' employée par Emmanuel Macron (...) est bien sûr présente dans la fiche", relève le syndicat qui y voit un "acte de stigmatisation islamophobe".
"Formulation pas acceptable"
De son côté, la FSU, première fédération syndicale enseignante, a critiqué "une manière de cibler la radicalisation, (...) de dire les choses sans toujours les dire d'ailleurs".
"On pointe simplement la possibilité de dérive islamiste, mais on le dit presque à la fin de la fiche, et en catimini, mais en réalité on sait bien que c'est un peu ça qui est tout le temps en arrière-fond", a déploré son secrétaire général Benoît Teste.
Une autre fiche controversée concerne les dérives sectaires et le complotisme. Si la FSU ne remet pas en cause la nécessité de lutter contre ces phénomènes, sa "formulation n'est pas acceptable" pour la FSU.
"Il y a une manière de dire (...) que toute critique du gouvernement pourrait s'apparenter à du complotisme, qui là est particulièrement inquiétante en terme d'esprit critique", a dénoncé Benoît Teste.