BFMTV
Education

Maths, littérature, résolution de problèmes... Les adultes français eux aussi en dessous de la moyenne de l'OCDE

Une personne lit un dictionnaire sur l'île d'Arz, le 2 septembre 2019 (photo d'illustration)

Une personne lit un dictionnaire sur l'île d'Arz, le 2 septembre 2019 (photo d'illustration) - Fred TANNEAU / AFP

Selon une étude du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (Piaac) publiée ce mardi 10 décembre, la France est toujours en dessous de la moyenne dans les trois domaines étudiés. Les résultats de cette enquête rejoignent en grande partie ceux du rapport Pisa sur les élèves de 15 ans.

Comme leurs enfants, les adultes français sont eux aussi en dessous de la moyenne. Une enquête Piaac, publiée ce mardi et menée dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2023, a évalué les compétences des personnes âgées de 16 à 65 ans.

Selon cette étude, plus d'un adulte sur quatre en France témoigne d'une "faible maîtrise des compétences" que ce soit en littératie, numératie ou résolution adaptative de problèmes sur des supports informatiques. La France se trouve en dessous de la moyenne de l'OCDE dans ces trois domaines analysés, qui sont calculés sur une échelle de 500 points.

Dans le détail, en littératie (comprendre et utiliser l’information contenue dans des textes écrits) la France obtient 255 points en moyenne contre 261 dans l'OCDE. En numératie (comprendre et utiliser des informations chiffrées et des idées mathématiques), c'est 257 points contre 264. En ce qui concerne la résolution adaptative de problèmes (identifier une solution à un problème dont les termes peuvent évoluer), la France obtient 248 points en moyenne, contre 251 pour les autres pays.

Trois compétences analysées

En littératie, les personnes faisant preuve d'une maîtrise faible sont généralement en mesure de comprendre le vocabulaire de base et d’identifier des informations élémentaires dans des textes courts, mais sont en difficulté dès que le texte est un peu long.

64% des Français ont une maîtrise dite intermédiaire, c'est-à-dire qu'ils sont en capacité de comprendre des textes denses, longs ou comptant plusieurs pages, et de répondre à des questions nécessitant de croiser plusieurs informations.

En numératie, les personnes en situation de faible maîtrise parviennent généralement à effectuer des opérations arithmétiques de base, mais pas des opérations plus complexe. 61% de la population française se situe dans la catégorie intermédiaire, ce qui veut notamment dire qu'ils peuvent manipuler des fractions ou des pourcentages.

Enfin, en résolution adaptative de problèmes, la maîtrise intermédiaire (66% des Français selon cette enquête) implique de résoudre "des problèmes dont les paramètres évoluent, ce qui demande une capacité d'adaptation".

Selon cette étude, les personnes interrogées tendent à avoir des degrés de maîtrise similaires dans les différents domaines.

Hausse des inégalités

Ce qui est notable dans cette édition 2023 de l'enquête Piaac, par rapport à celle précédente réalisée en 2012, c'est un creusement des inégalités. En effet, le nombre d'adultes ayant une maîtrise élevée des compétences testées et le nombre de ceux ayant une maîtrise faible augmentent.

"Le parcours scolaire reste structurant : la part des personnes avec une faible maîtrise diminue fortement lorsque le niveau de diplôme s’élève", peut-on lire dans cette étude. Ainsi, la France est l'un des pays de l'OCDE où le lien entre parcours scolaire et compétences est le plus marqué. Par rapport à 2012, les écarts selon le niveau de diplôme grandissent.

"Cette relation entre le diplôme et les compétences explique en partie les écarts de compétences constatés selon l’origine géographique et l’origine sociale, dont les liens avec le parcours scolaire sont connus", souligne l'étude.

Si l'on compare avec l'édition 2012, c'est notamment en compréhension de l'écrit que les résultats baissent le plus.

La maîtrise des compétences par les seniors en baisse

Généralement en France, c'est le rapport Pisa (une évaluation de l'OCDE qui vise à tester les compétences des élèves de 15 ans en lecture, sciences et mathématiques) qui est particulièrement scruté.

Ce que montre l'étude publiée ce mardi est que la baisse des résultats dans la maîtrise des compétences en français et en mathématiques est portée non pas par les jeunes mais par les seniors.

En 2023, en numératie, les personnes âgées de 55 à 65 ans sont deux fois plus souvent en situation de faible maitrise que les 16-24 ans. En littératie et en résolution adaptative de problèmes, elles le sont trois fois plus souvent.

La dégradation, au cours de la vie, des compétences en littératie et en numératie est un constat récurrent des études sur ce sujet. L'étude Piaac souligne toutefois que ces ces chiffres pourraient être accentués par le fait que, cette année, les tests ont été réalisés sur tablettes numériques, ce qui peut être un frein pour certaines personnes plus âgées qui y sont moins habitués.

Cet écart pourrait traduire le déclin des capacités cognitives lié à l'âge ou encore la baisse des pratiques quotidiennes de lecture. En outre, l'étude évoque aussi des différences de formations d'une génération à l'autre.

À titre d'illustration, la moitié des personnes de 55 à 65 ans montrent une faible maîtrise en littératie en 2023, alors qu'elles étaient un tiers en 2012.

"Améliorer les compétences de ceux qui sont déjà sur le marché au travail"

"Il faut faire davantage dans les systèmes des formations formelles donc de l'éducation surtout pour réduire les écarts qui existent dans les performances des études des élèves (...). Mais l'enquête sur les compétences des adultes nous dit aussi qu'il faut travailler davantage pour améliorer les compétences de tous ceux qui sont déjà sur le marché au travail", dit à BFMTV Stéfano Scarpetta, directeur pour l'emploi le travail et les politiques sociales à l'OCDE.

"Il faut faire davantage parce qu'on sait très bien que l'accès, par exemple, au compte personnel de formation marche plutôt bien pour les personnes hautement qualifiés, un peu moins pour les faiblement qualifiés", ajoute-t-il.

Il estime qu'il y a un phénomène plus général qui est que l'on "se confronte moins avec des textes un peu plus complexes". "On est plus immergés dans des informations qui sont tirées des réseaux sociaux: des messages assez simples et donc on a moins d'habitude de comprendre les textes complexes", affirme-t-il.

Les femmes lisent mieux mais peinent davantage en maths

L'enquête Piaac montre ensuite que les performances des individus diffèrent peu selon le sexe. En littératie, les femmes ont un degré de compétences légèrement supérieur à celui des hommes (avec un score moyen de 257 contre 253, respectivement). 26 % d’entre elles manifestent une faible maîtrise, contre 29% des hommes.

En revanche, en numératie, les écarts s'inversent et se creusent: 29% des femmes sont en situation de faible maîtrise, contre 26% des hommes, et 8% d’entre elles atteignent une maîtrise élevée, contre 15% des hommes. En résolution adaptative de problèmes, les performances ne diffèrent pas significativement.

Ces légères différences concordent avec les résultats de l'enquête Pisa qui observent que les filles restent meilleures que les garçons en lecture, quand ces derniers obtiennent de meilleurs résultats que les filles en mathématiques. Cela est le cas en France mais également dans les autres pays de l'OCDE.

Dans l'OCDE, seuls deux pays s'améliorent

Si la France se situe légèrement en dessous de la moyenne dans cette enquête Piaac, ce sont les pays du nord de l'Europe qui monopolisent les places du haut du classement.

"Il y a certains pays comme la Finlande, le Danemark et, la Suède, les Pays-Bas qui ont des compétences en littératie et numératie qui sont beaucoup plus élevées que la moyenne de l'OCDE", abonde en ce sens Stéfano Scarpetta

Le spécialiste observe un autre fait notable dans cette enquête: par rapport à 2012, par exemple, les compétences en littératie ont augmenté seulement dans deux pays parmi tous ceux de l'OCDE: la Finlande et le Danemark. "Dans d'autres pays, ils sont restés plutôt stables, voire ils ont baissé un petit peu comme c'est le cas de la France", indique-t-il.

Salomé Robles et Véronique Fèvre