La Mutuelle des Etudiants épinglée par la Cour des comptes

Le système de mutuelle étudiante coûte 93 millions d’euros en frais chaque année à la collectivité. - -
Des cartes vitales qui n’arrivent pas, des feuilles de soins qui tardent à être remboursées et personne, ou presque, pour répondre au téléphone... La Cour des Comptes épingle la mutuelle des étudiants (LMDE).
Dans un rapport, qui doit être rendu public en septembre, la cour critique l’inefficacité, la désorganisation et le coût élevé de la mutuelle après avoir mené sa propre enquête de satisfaction auprès de plus de 1 700 personnes affiliées à la LMDE. La note moyenne de satisfaction a été d'à peine 2,33 sur 5, soit le plus mauvais score de toutes les mutuelles étudiantes, qui sont toutefois globalement toutes mal notées. Chaque année, environ 1,7 million d'étudiants sont tenus de s'affilier à une mutuelle étudiante pour se faire rembourser leurs soins. Plus de la moitié adhèrent à la LMDE. En 2012 déjà, l’association UFC-Que Choisir et les sénateurs avaient pointé du doigt de nombreux disfonctionnements.
« 1 appel téléphonique sur 14 aboutit »
La liste des dysfonctionnements relevés par la Cour des comptes dans son dernier rapport est impressionnante. En février dernier, 200 000 courriers attentaient toujours d’être traités et seulement 1 appel téléphonique sur 14 aboutit. D'après la cour, 9 mois après leur demande, 1 étudiant sur 10 n'avait toujours pas sa carte Vitale, de quoi mettre dans le rouge les plus précaires qui, sans cette carte, bénéficient plus difficilement de tiers payant. La mutuelle est aussi jugé beaucoup trop chère dans son fonctionnement. Par exemple, la cour des comptes se demande pourquoi la LMDE s'est séparée de 130 salariés pour en embaucher autant quelques mois plus tard. Une seule solution, donc, estime la cour : il faut supprimer ce régime spécifique et rattacher les étudiants au régime général qui a un rendement bien supérieur.
« Les étudiants verront la différence à la rentrée »
Pourtant, pour la présidente de la LMDE Vanessa Favaro, ces difficultés ont une explication mais ne devraient pas durer. « Aujourd’hui, on est monté à un appel sur deux, ce n’est toujours pas satisfaisant mais c’est vrai que c’est un des derniers points où il nous reste à fournir des efforts pour revenir à un taux qui soit acceptable. Je préfèrerais qu’on parle de l’accès aux soins des étudiants plutôt que de colporter des rumeurs sur la LMDE qui n’a pas besoin de ça. On est en train de sortir d’une période de réorganisation compliquée en interne, il faut aussi nous laisser un petit peu respirer, voir les résultats aujourd’hui, et je pense que les étudiants verront la différence à la rentrée ».
« Ce système coûte 93 millions d’euros »
Mathieu Escot, chargé de mission Santé à l’UFC - Que Choisir, ne croit pas à ces explications, ou du moins il n’y croit plus. « Il y a un an, la LMDE nous a dit "oui, les résultats ne sont pas bons cette année, mais c’est terminé, c’était la réorganisation, maintenant tout va bien". Un an plus tard, les résultats se sont dégradés, et à nouveau on nous dit que c’était la réorganisation, et que tout va s’améliorer demain. Ce système de mutuelle étudiante coûte 93 millions d’euros par an financés par l’ensemble des Français. On pourrait les économiser si on faisait gérer la Sécu des étudiants par le régime général comme pour le reste des Français. On aurait un système beaucoup plus efficace et moins coûteux pour la communauté ».