"Il a brûlé mon innocence": d'anciens élèves d'un collège catholique de Maine-et-Loire dénoncent des agressions sexuelles

L'institution libre de Combrée, dans le Maine-et-Loire, le 13 septembre 2021. - Creative Commons AAEAILC
L'affaire Bétharram continue de libérer la parole dans d'autres régions. Des anciens élèves du collège catholique de Combrée dans le Maine-et-Loire témoignent d'agressions sexuelles subies au sein de l'institution dans les années 1980 et 1990. C'est François Caro qui a brisé le silence.
Auprès de France 3 Pays de la Loire, il raconte avoir été agressé en 1988, alors qu'il avait 14 ans, lors d'une colonie de vacances organisée par un surveillant du collège. "C'est là que son calvaire commence", raconte-t-il aujourd'hui.
"Mon lit était au-dessus du sien. Un lit superposé. Les autres enfants dormaient à l'étage du dessus. Je ne voyais rien d'anormal à ça, j'avais 14 ans", confie-t-il à nos confrères.
"Tous les matins et tous les soirs, il passait, il prenait mon sexe. 'Comment il va, ton kiki?' Et dans la voiture, il ouvrait ma braguette. Il me tenait le sexe (...). Lui, il ouvrait aussi sa braguette. Il fallait lui tenir son sexe. En fait, il voulait que je le masturbe", poursuit François Caro.
Une plainte en 2019
De retour au collège à la rentrée, le calvaire du collégien continue. Il est sommé à plusieurs reprises de rejoindre ce surveillant dans sa chambre. "Je savais que c'était complètement anormal, mais je ne savais pas comment le signaler. J'ai appelé un soir ma mère pour lui dire que je n'allais pas bien, mais je ne lui ai pas précisé pourquoi. Je n'ai pas eu le courage", raconte François Caro à France 3.
"Il a profité de mon enfance, de mon innocence. Il a brûlé mon innocence", dit-il également auprès de Ici Mayenne.
Trente ans après les faits, en 2019, François Caro décide de porter plainte contre son présumé agresseur, après avoir vu un film qui traitait d'agressions sexuelles sur mineurs. Mais c'est l'affaire Bétharram, du nom de cet établissement privé catholique des Pyrénées-Atlantiques visé par plusieurs plaintes d'anciens élèves pour mauvais traitements et agressions sexuelles, qui lui donne envie de médiatiser son histoire.
"Le chef"
"J'étais sûr que je n'étais pas le seul à avoir vécu ces agressions", explique-t-il. Il poste alors un message sur la page Facebook des anciens élèves de l'établissement, et récolte plusieurs témoignages en quelques jours, rapporte France 3.
Nos confrères ont ainsi interrogé Arnaud D., un autre élève pensionnaire du collège catholique entre 1986 et 1992. Il raconte avoir constaté les agissements de ce même surveillant. "Il s'est approché de moi par-derrière. Il m'a serré dans ses bras, m’a gratouillé le ventre avant de descendre ses mains vers mes parties génitales mais j'ai eu le réflexe de lui mettre un bon coup de coude", se souvient Arnaud D.
Il raconte que celui qu'on appelait "le chef" avait mis en place "une cellule de veille" avec des "taupes", choisies parmi ses favoris, pour l'informer des rumeurs qui circulaient à son sujet dans les cours de récréation et les couloirs.
"Une dizaine de victimes"
"Aujourd'hui, je n'ai plus confiance en moi, ni dans les autres. J'ai une fille, et à chaque fois que je la regarde, j'ai peur pour elle", confie François Caro, qui ajoute:
"Nous sommes innocents. Ce n'est pas nous les coupables. Il ne faut pas avoir peur du regard de l'autre".
Selon Ici Mayenne, en plus de celle de François Caro, au moins deux autres plaintes ont été déposées contre cet ancien surveillant du collège de Combrée et une enquête a été ouverte par la justice.
Auprès de France 3, le procureur de la République d'Angers estime "qu'on sera aux alentours d'une dizaine de victimes qui vont pouvoir être entendues". "On va pouvoir reprendre et essayer d'identifier les plaignants, les victimes de ce type de fait. Et à partir de là, on étudiera véritablement le régime de prescription. C'est quelque chose de très complexe qui a beaucoup évolué au cours des 30 dernières années", explique-t-il.
En effet, selon nos confrères, entre 2016 et 2019, trois plaintes avaient déjà été classées sans suite.