Education à la sexualité: Blanquer veut rassurer les parents

Une circulaire va être envoyée ce lundi aux recteurs par le ministre de l'Education nationale afin de mettre en oeuvre une loi datant de 2001. Celle-ci prévoit trois séances annuelles d'éducation à la sexualité, mais reste peu appliquée.
En 2015, le rapport "relatif à l'éducation à la sexualité" du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) relevait que "l'application (...) demeur(ait) parcellaire" et "inégale selon les territoires". Sur les 1001 écoles interrogées (publiques et privées sous contrat), un quart déclarait en effet "n'avoir mis en place aucune action ou séance en matière d'éducation à la sexualité".
L'application de cette loi a donné lieu à de nombreuses rumeurs erronées sur les réseaux sociaux ces dernières semaines: "masturbation", "découverte des parties génitales", "jouer à avoir des relations sexuelles", "devenir conscient de son identité sexuelle"... Une série d'intox relayées par des captures détournées, provenant pour l'une d'un rapport du Centre fédéral allemand pour l'éducation à la santé pour l'OMS comme l'a repéré Franceinfo, pour l'autre d'un dossier de réflexions et recommandations pour les enseignants suisses, comme l'a souligné Le Monde.
"Hors de question de faire quoique ce soit qui choque"
"Il est hors de question de faire quoique ce soit qui choque les parents, il n'en a jamais été question", a martelé ce lundi sur BFMTV Jean-Michel Blanquer, notant au passage des intox "très graves dans ce qu'elles nous indiquent de certains secteurs de la société française, qui essaient d'exciter les gens les uns contre les autres".
"On a des parents qui parfois ne scolarisent pas les enfants le jour de la formation à la vie sexuelle et affective. Parce que c'est peut-être encore une mauvaise représentation et que le sujet est encore tabou", témoigne sur notre antenne Chantal Givert, principale du collège du Lazaro à Marcq-en-Baroeul, dans le Nord.
"Il est évident qu'il faut une éducation affective et sexuelle. C'est un sujet qui engage et les parents, et l'école", a rappelé le ministre, voulant une "convergence famille-école" sur la thématique.
Néanmoins, "ce qu'on doit dire, ce sont des choses qui relèvent de l'âge primaire", et non "des choses qui relèvent de la sexualité à proprement parler". Corps, respect d'autrui et entre les garçons et les filles…
Un sujet "très relié aux enjeux d'éducation civique et morale"
"On a besoin de dire dès les premières années de la vie qu'on se respecte entre les sexes, qu'on doit se respecter soi même, respecter son corps, donc c'est très relié aux enjeux d'éducation civique et morale en réalité", a déclaré le ministre sur notre antenne.
Jean-Michel Blanquer a aussi lié ces moments d'éducation affective et sexuelle à des "enjeux de santé".
"Vous avez une partie de la France où vous avez de plus en plus de grossesses précoces par exemple. Nous devons protéger nos enfants et l'éducation affective et sexuelle contribue à cela par une éducation tout simplement de bon sens", a-t-il assuré.
Les cours évoluent donc avec l'âge des élèves. En 3e, les collégiens peuvent ainsi poser leurs questions sur la puberté, la contraception, le consentement, la santé, les violences sexuelles, et exprimer leurs craintes éventuelles auprès des professeurs, personnels sociaux et de santé de leur établissement ou d'intervenants extérieurs.
"'Comment ça va se passer ce premier rapport sexuel?", c'est leur questionnement. Ils ont une idée, par rapport à la pornographie malheureusement, dénaturée de la sexualité", regrette au micro de BFMTV Marie-Noëlle Potier, conseillère au Planning familial de Lille.
Des initiatives pour restreindre l'accès à la pornographie
"Je préfère en parler ici parce qu'ici, je sais que je suis un peu libre de dire ce que je pense et ce que je veux, alors qu'à la maison c'est un peu plus restreint", salue un adolescent. "Je ressens plus de gêne à en parler à des adultes. Quand on est en classe, c'est plus simple je trouve", constate une de ses camarades.
Outre l'application de la loi de 2001, le ministre de l'Education nationale a rappelé sur notre antenne ce lundi qu'il allait, en compagnie de la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa et d'autres ministres, "prendre des initiatives pour la lutte contre la pornographie et l'accès à la pornographie".