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Société

Discrimination: la grande distribution rechigne à recruter des pauvres

L'association a ainsi envoyé des candidatures fictives à des emplois d'opérateur de caisse dans la grande distribution.

L'association a ainsi envoyé des candidatures fictives à des emplois d'opérateur de caisse dans la grande distribution. - -

Des "testings" réalisés par l'association ATD Quart Monde révèlent que des enseignes de la grande distribution renâclent à embaucher des personnes en situation précaire.

La double peine. Une série de testings réalisées par l'association ATD Quart Monde révèle dans un communiqué, à l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, que les personnes vivant dans des conditions précaires sont victimes de discrimination à l'embauche.

Réponse positive pour 53% de candidats pauvres

L'association a ainsi envoyé des candidatures fictives à des emplois d'opérateur de caisse dans la grande distribution. Se dégagent deux profils: l'un mentionne une adresse en centre d'hébergement et de réinsertion sociale et un passage par une entreprise d'insertion dans le parcours professionnel, tandis que l'autre CV n'en fait pas mention.

Il apparaît "un écart de 30 points" entre les deux types de candidatures, qui ont été envoyées dans plusieurs villes de France.

En effet, parmi les candidatures ayant reçu une réponse: 83,1% des candidats de référence ont obtenu un entretien alors que seules 53% des candidatures présentant les caractéristiques de précarité ont reçu une réponse positive, constate l'étude.

Les testings se sont également intéressés à l'influence du lieu de résidence sur l'accès à l'emploi. Pour y répondre, ATD a envoyé des CV avec deux types d'adresse de domicile. Résultat: les employeurs ont tendance à exclure les jeunes résidant en zones urbaines sensibles (ZUS).

Le taux de réponse positive s'élève à 7,3 % pour les candidats résidant en ZUS et de 11,8 % pour les candidats résidant hors-ZUS.

Une loi contre la discrimination des pauvres?

Mais la discrimination ne s'arrête pas à un bout de papier. Deux femmes témoignent ce jeudi sur France Info, qu'elles ont été victimes d'une sorte de "délit de faciès".

"Sur mon CV tout était impeccable, au téléphone aussi, mais quand je suis arrivée on m'a dit 'non, non, ça ne peut pas aller, vous ne pourrez pas porter l'uniforme comme il faut. Voilà je n'étais pas belle, j'étais comme ça", raconte Marie-France Zimmer, 55 ans, femme de ménage à Nancy.

Pire, Chantal, 57 ans, habitante de Trappes, explique avoir entendu des réflexions comme quoi elle allait "faire peur aux gens". 

Si le physique peut en dire long sur la situation sociale d'une personne, pour ATD Quart Monde, il est temps que les pauvres ne soient plus victimes de discrimination. Ainsi, une pétition citoyenne a été lancée en ce sens, et l'association doit remettre un livre blanc ce jeudi à Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale ainsi qu'à Dominique Baudis, Défenseur des droits, pour réclamer une loi.

Mélanie Godey