BFMTV
Société

Dérives sectaires: le nombre de signalements a doublé depuis 2015, la santé particulièrement touchée

placeholder video
Le nombre de signalements adressés à la Miviludes a plus que doublé entre 2015 et 2024 et concernent aujourd’hui des domaines plus étendus de notre quotidien, comme la santé et le bien-être.

Avec 4.500 signalements enregistrés en 2024, les alertes sur les dérives sectaires ont plus que doublé depuis 2015. Un constat alarmant détaillé par la Miviludes - Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires - dans son rapport d'activité dévoilé ce mardi 8 avril.

Avec une différence majeure en dix ans: autrefois surtout cantonnées à la sphère religieuse, cultuelle et spirituelle, les dérives sectaires concernent aujourd’hui des domaines plus étendus de notre quotidien, tels que la santé, ou le bien-être.

Sur tous les signalements reçus entre 2022 et 2024, la santé et le bien-être arrivent en tête (37%), devant les cultes et spiritualités (35%), selon le rapport d'activité de l'organisme publié mardi. En cause? Les années de crise sanitaire et de confinements, ou l'explosion du complotisme sur les réseaux sociaux.

Alors que les malades du cancer restent les plus touchés par les dérives sectaires en santé, la Miviludes s'inquiète désormais du développement de pratiques de soins non-conventionnelles (PSNC) au sein même d'établissements de santé. Ainsi les soins de support, notamment en cancérologie, "connaissent, à leur tour, des dérives à caractère sectaire", détaille le rapport.

"Lavements au café"

En 2022, Chryssa apprend la récidive de son cancer du sein. En cherchant à limiter les effets secondaires de ses traitements, comme les nausées, elle prend contact avec un acupuncteur qui lui propose d'arrêter les soins.

"Il m'a proposé d'aller voir des vidéos sur des alternatives, des jus de fruits et légumes, des lavements au café", raconte-t-elle, expliquant avoir tout de suite vu "qu'il n'était pas correct".
Foie, côlon, sein, thyroïde… Pourquoi les cancers précoces chez les jeunes adultes sont-ils en hausse?
Foie, côlon, sein, thyroïde… Pourquoi les cancers précoces chez les jeunes adultes sont-ils en hausse?
2:29

Pour renforcer la vigilance, la Ligue contre le cancer a signé une convention de partenariat avec la Miviludes. Dans le traitement du cancer, l'organisme alerte sur la dangerosité de l'urinothérapie, méthode "qui consiste à boire son urine" et qui a été "fatale" pour certaines victimes.

"On mélange tout"

"Malheureusement on peut recevoir au sein de nos comités des personnes qui nous disent 'on m'a conseillé ça, est-ce que j'ai eu raison?'", déplore sur BFMTV Philippe Bergerot, Président national de la Ligue contre le cancer, qui souligne le besoin de "faire remonter ces informations" sur des pratiques douteuses pour les signaler.

Il existe toutefois des pratiques alternatives validées par la science. "Il y a des médecines traditionnelles, des pratiques non-conventionnelles de soins, mais on mélange tout", souligne Grégory Ninot, professeur à l'Université de Montpellier, qui travaille sur un référentiel pour les patients et les professionnels.

"On a été très étonnés en faisant une fouille de réseaux sociaux de femmes traitées pour un cancer du sein, de trouver 13.000 pratiques", ajoute-t-il.

Caroline Dieudonné avec Lucie Valais et AFP