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Cyberharcèlement scolaire: les moyens de prévention

22% des élèves de collège se disent victimes de harcèlement sur internet, selon l'association e-Enfance

22% des élèves de collège se disent victimes de harcèlement sur internet, selon l'association e-Enfance - -

Alors que le ministère de l’Éducation nationale a décidé de réagir devant l'essor de la cyberviolence chez les jeunes, voici quelques clés pour détecter les enfants victimes de harcèlement sur Internet.

Plus de répit. Avec l'utilisation permanente des SMS et des réseaux sociaux, le harcèlement des jeunes se prolonge désormais en dehors du temps scolaire. Selon les derniers chiffres de l'association e-Enfance, 22% des collégiens se disent harcelés sur Internet, contre 15% il y a encore deux ans. Devant l'ampleur du phénomène, le ministère de l'Education nationale a décidé de réagir en lançant mardi un "plan d'action" , ciblant notamment la cyberviolence en plein essor. BFMTV.com fait le point sur les moyens de détection, de lutte et de prévention contre le cyberharcèlement.

> Comment détecter un élève victime de cyberharcèlement?

Le cyberharcèlement étant une forme dérivée de harcèlement, les moyens pour le "dépister" sont identiques. Pour le professeur Jean-Philippe Raynaud, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au C.H.U de Toulouse, interrogé par BFMTV.com, "c'est un changement de comportement" qui doit alerter l'entourage.

Les parents, notamment, sont les personnes les mieux placées pour identifier ce changement comportemental. Celui-ci peut s'opérer par une rupture dans les habitudes de l'enfant, dans ses intérêts, dans ses liens sociaux mais aussi en se mettant en retrait.

"Il faut privilégier le dialogue", insiste le professeur, qui invite également à ouvrir les possibilités. "L'élève peut aussi se tourner vers les infirmières scolaires, les maisons pour adolescents, les points d'écoute ou encore son médecin généraliste".

> Comment lutter contre ce phénomène?

Si "faire parler" le sujet reste la recommandation première des spécialistes, le Pr Raynaud attire également l'attention sur les élèves ayant des "particularités". Sont ainsi concernés les autistes, les handicapés ou encore ceux qui arborent des différences corporelles (problème de surpoids, par exemple).

"Ils demandent une vigilance accrue", souligne-t-il, "car ils sont facilement stigmatisables". En effet, 90% des enfants autistes sont victimes de brimades à l'école, indique le médécin.

Quid du rapport entre l'enfant et son activité soutenue sur Internet? Faut-il la surveiller davantage voire l'interdire? A ces questions, le pédopsychiatre tend à dédramatiser, préférant "banaliser" l'outil de communication. "Il faut respecter l'intimité de son enfant", fait-il valoir, avant de conseiller plutôt aux parents de s'intéresser à ce que fait leur enfant sur Internet que de passer au tout-répressif.

> Existe-il des moyens de prévention?

S'intéresser au net, comme le recommande le Pr Raynaud aux parents, s'avère une clé fondamentale pour mieux guider et protéger son enfant de toute cyberattaque. Une initiative sur laquelle l'opérateur Orange a décidé de rebondir. Depuis mars 2012, l'opérateur de téléphonie propose gratuitement des cours à destination de parents. Près de 4.000 d'entre eux ont déjà été formés dans 38 villes françaises. Des vidéos pédagogiques sont même disponibles sur le site bienvivreledigital.orange.fr.

Même proposition du côté de Facebook. Le réseau social superstar organise dans ses bureaux français, plusieurs fois par an, des sessions de formation destinées aux associations de prévention.

Mais selon la présidente de e-Enfance, Justine Atlan, "ce fossé générationnel va se tasser d'ici quelques années, quand les jeunes nés avec Internet vont devenir parents".

Mélanie Godey