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Corse: bilan mitigé pour l'opération "déposer les armes" lancée par la préfecture

Fusil en Corse, le 16 août 2020. (illustration)

Fusil en Corse, le 16 août 2020. (illustration) - Pascal Pochard-Casabianca

96 armes et 4.287 munitions ont été rapportées dans les gendarmeries et commissariats dans le cadre de l'opération "déposer les armes" lancée entre le 28 avril et le 4 mai par la préfecture de Corse. Ces armes détenues illégalement vont être détruites.

Au total, 96 armes et 4.287 munitions ont été rapportées dans les gendarmeries et commissariats dans le cadre de l'opération "déposer les armes" lancée entre le 28 avril et le 4 mai par la préfecture de Corse, a-t-elle indiqué ce lundi 5 mai.

Ces armes, détenues illégalement, le plus souvent "par voie successorale", vont être détruites, indique la préfecture de Corse qui précise que cette opération "visait à réduire la circulation des armes à feu" dans une île où le taux de détention d'armes atteignait 350 armes pour 1.000 habitants en 2022, soit "plus du double de la moyenne nationale qui est de 150 armes pour 1.000 habitants".

Il était garanti aux propriétaires de ces armes, en échange de leur dépôt en gendarmerie, qu'ils ne feraient pas l'objet de poursuites judiciaires et administratives liées "au transport ou à la détention sans autorisation d’armes ou de munitions.

Un bilan moindre par rapport à 2022

La préfecture précise que "45 armes" ont également été saisies au premier trimestre 2025 en Corse-du-Sud, "soit plus du double que l'année dernière".

Signe de "la pertinence d'une telle opération", la préfecture donne deux exemples: lors d'une interpellation récente "pour violences conjugales, six armes longues non déclarées ont été découvertes au domicile du mis en cause qui a déclaré les avoir héritées". Lors du cambriolage d'une résidence principale, 11 armes de poing détenues au titre du tir sportif ont été dérobées.

Mais le bilan est moindre par rapport à celui de la campagne de 2022, qui était une opération nationale. En Corse, elle avait donné lieu à l'abandon de 268 armes et plus de 5.400 munitions. Cité par Le Monde, le préfet de Corse, Jérôme Filippini, a souligné que cette campagne était intervenue lors d'une "semaine marquée par le pont du 1er-Mai, que sa communication était récente et ne bénéficiait pas d'une notoriété nationale".

De nombreux chasseurs

Cette importante détention d'armes en Corse s'explique notamment par un grand nombre de chasseurs. La Corse compte ainsi "plus de 17.000 détenteurs d'un permis" de chasse, soit "un homme sur cinq" sur l'île, indique la Fédération départementale des chasseurs de Corse-du-Sud.

Mais l'île est aussi "au premier rang national" en termes d'homicides rapportés à la population, avec "18 homicides et 16 tentatives d'homicides" en 2024 pour 355.000 habitants - l'équivalent de Nice - avait rappelé en janvier le préfet de Corse, Jérôme Filippini.

Depuis le début de l'année, sept homicides dont six règlements de comptes ont déjà ensanglanté la Corse. "Je ne m'illusionne pas sur le fait que les bandits qui détiennent des armes ne vont pas venir à la gendarmerie pour les déposer mais moins il y aura d'armes présentes en Corse, mieux nous nous porterons", avait insisté le préfet fin février lors de la présentation du bilan de la délinquance.

Avec plus de 120 armes à feu pour 100 habitants, selon le Small Arms Survey, les Etats-Unis se placent au premier rang mondial du sujet.

S.C avec AFP