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Coronavirus: le casse-tête des mariages reportés ou annulés à cause du confinement

Des alliances (photo d'illustration)

Des alliances (photo d'illustration) - AFP

Ils devaient se marier, ils vont devoir attendre. Alors que la France est confinée, ceux qui avaient projeté de se dire "oui" ne savent pas si la noce sera maintenue ou s'ils seront contraints de la reporter.

Certains couples ne se diront pas "oui" cette année. Alors que l'épidémie de coronavirus bouleverse la vie des Françaises et des Français, ceux qui avaient prévu de s'unir dans les prochains jours - comme les quelque 253.000 couples qui se sont mariés en 2018, selon les données de l'Insee - vont devoir reporter la noce.

Pas de Porsche Panamera

C'est le cas de Justine*, 32 ans, qui planche sur un plan B. Cette habitante de Calais, dans le Pas-de-Calais, s'est déjà faite à l'idée qu'elle ne pourra pas dire "oui" à son compagnon le 2 mai prochain. Si elle a réussi à trouver une nouvelle date, au mois de septembre, qui convienne à la plupart de ses prestataires - à l'exception du photographe - elle devra cependant se passer de son arrivée en Porsche Panamera, le véhicule n'étant pas disponible ce jour-là. Pourtant, officiellement, la noce est toujours maintenue au 2 mai.

"La mairie nous a dit d'attendre", explique Justine à BFMTV.com. "On m'a demandé de rappeler lundi, mais ce sera toujours pareil si le confinement est prolongé de quinze jours en quinze jours. Nous, on veut juste avoir une réponse ferme pour pouvoir bloquer la nouvelle date avec les prestataires, qui nous ont demandé de leur dire ce qu'il en était très rapidement."

Si cette jeune femme, qui vit avec son futur mari depuis onze ans, relativise - "il y a plus grave dans la vie" - le report de son union pourrait avoir des conséquences plus ennuyeuses. Les futurs époux doivent signer l'achat d'une maison dans les prochains mois. Le fait qu'ils ne soient pas mariés pourrait ajouter des difficultés à leur projet, craint-elle.

"On pourra attendre encore trente ans!"

Sandrine*, 45 ans, a quant à elle un peu de marge. Elle doit se marier le 29 mai devant ses 70 invités. "Une formalité", raconte cette Marseillaise mère d'un garçon et d'une fille de 20 et 23 ans. "Ce sont les enfants qui ont insisté pour qu'on fasse la fête", raconte-t-elle à BFMTV.com. Ce qu'elle redoute pour le jour J: que des restrictions soient conservées malgré la levée du confinement.

"Comment je vais faire si les rassemblements sont limités à un nombre maximum de personnes? Pourra-t-on tout de même se réunir? On doit faire la fête dans un loft. J'ai contacté le propriétaire qui m'a dit que tout allait dépendre des consignes du gouvernement."

Si son mariage est maintenu, il lui reste à trouver un coiffeur, une maquilleuse, des chaussures mais aussi les alliances. "Les préparatifs sont au point mort. Mon fils n'a pas de costume et la robe de ma fille est chez la couturière." Si elle se dit "très stressée" par ce moment d'incertitude, elle prend tout de même les choses avec philosophie. "Ça fait trente ans que je suis avec mon conjoint, on pourra attendre encore trente ans!" rit-elle jaune. 

"Ça tourne dans la tête et dans l'estomac"

Bernard*, 68 ans, est inquiet pour le mariage de sa fille. Alors que la fête doit avoir lieu le 27 juin dans un petit château bordelais, il craint qu'elle ne doive être annulée. Et se demande ce qu'il adviendra des arrhes déjà versées.

"Sera-t-on tenu de payer le solde? Le fleuriste, le coiffeur, le DJ, la location de la salle, le traiteur... Pourront-ils nous rembourser?" s'interroge-t-il.

Difficilement envisageable pour ce sexagénaire de reporter à l'automne alors que sa seconde fille doit elle aussi se marier en fin d'année. "Il y a la logistique avec les prestataires, les invités... Ça tourne dans la tête et dans l'estomac."

Une perte d'exploitation

Bernard Cabiron, un traiteur installé à Montpellier qui organise plus d'une centaine de mariages par an, se mobilise pour que les amoureux qu'ils devaient régaler puissent tout de même se marier cet été ou à l'automne. Si son dernier banquet s'est tenu le samedi précédant le confinement, tous ses mariages de mars et d'avril sont reportés.

"On fait le tour des salles de réception pour leur trouver une nouvelle adresse qui leur convienne", nous indique-t-il. "On regarde aussi s'il est possible de reporter en semaine, un vendredi soir ou un dimanche soir."

Cet entrepreneur se dit soulagé qu'aucun couple n'ait décidé d'annuler. "Nous mettons tout en œuvre pour que les mariages prévus cette année aient lieu en 2020." Car pour Bernard Cabiron, un mariage reporté à l'année suivante représente une perte d'exploitation. "On ne pourra pas organiser à la même date deux mariages."

Les professionnels mobilisés

Antoine Caupert rencontre les mêmes problèmes. Pour cet entrepreneur montpelliérain qui propose différents services - vidéo, photo, DJ, food trucks ou encore caravane-bar - les annulations sont une "catastrophe". "Si je dois rembourser tous les acomptes, je n'ai plus qu'à fermer boutique", s'inquiète-t-il. Quant aux reports, pas simples à gérer.

"Pour l'année prochaine le planning est déjà presque complet, à moins d'accepter de reporter son mariage à l'automne ou en hiver."

C'est pour cela qu'il a créé une page Facebook réservée à plus d'une centaine de professionnels de sa région afin de s'organiser entre eux et d'assurer les engagements pris. "Si un couple me propose une nouvelle date mais que je ne peux pas, je propose à un autre prestataire de s'en charger. Je garde l'acompte, le nouveau prestataire aura le reste du solde et les mariés ont leur prestation. Tout le monde est content."

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Céline Hussonnois-Alaya