Ces prénoms qui gâchent la vie: 21% des Français ont subi des moqueries à cause du choix de leurs parents

Un choix qui peut avoir des répercussions sur plusieurs années. Selon une enquête de l'institut de sondages Flashs pour l'IRSS, une école de formation aux métiers de la petite enfance notamment, 18% des Français ont déjà reproché à leurs parents le prénom qui leur a été donné, ou ont au moins pensé à le faire.
Cela peut s'expliquer par les réactions parfois suscitées par des prénoms. 21% des personnes interrogées déclarent avoir déjà fait l'objet de moqueries à cause de leur prénom, dont 16% lorsqu'elles étaient enfants et 5% dans leur vie d'adulte également.
Comme Colombe, qui explique à RMC avoir été la cible de moqueries à l'adolescence: "des garçons pouvaient faire des blagues" comme "tu as mis combien de temps à vol d'oiseau?". Ou Nathalie, à laquelle on a souvent parlé des Bronzés font du ski en référence au personnage joué par Josiane Balasko.
Les jeunes y sont particulièrement confrontés: 42% des 18-24 ans disent avoir subi ce type de moqueries, contre 14% chez les 50-64 ans et seulement 8% chez les plus de 65 ans.
"Il est possible que la plus grande diversité des prénoms donnés aujourd’hui, une mémoire bien plus fraîche et une sensibilité accrue aux phénomènes de harcèlement expliquent ces différences marquées entre générations", estime l'IRSS.
8% des parents regrettent le prénom donné à leur enfant
Pour éviter cela, 11% des parents interrogés par Flashs ont changé d'avis sur le prénom de leur enfant à la suite d'une remarque, d'une critique ou d'une blague de leur entourage. Au final, 8% des parents regrettent celui donné à leur enfant.
En France, il est possible de changer de prénom, mais cette demande doit avoir un "intérêt légitime", explique le site officiel de l'administration française, service-public.fr. Par exemple, si ce prénom "est ridicule" ou "porte préjudice", ce qui doit être prouvé par des attestations, ou si l'on utilise un autre prénom dans son quotidien. C'est le cas de 13% des personnes interrogées par Flashs (9% parfois et 4% souvent).
Le prénom peut dire beaucoup de notre identité ou de ce que les autres en perçoivent. Près d'un Français sur trois reconnaît ainsi avoir déjà jugé une personne sans la connaître, en raison de son prénom.
En France, plusieurs règles encadrent le choix des prénoms par les parents. Il doit d'abord ne pas être contraire à l'intérêt de l'enfant: les prénoms Nutella, Jihad ou Titeuf ont ainsi déjà été retoqués par la justice. Il doit aussi respecter le droit d'une personne à protéger son nom de famille, en excluant les noms de personnes connues par exemple. Les prénoms Bayrou ou Retailleau seraient donc probablement refusés par la justice. En cas de non respect de ces principes, l'officier de l'état civil peut saisir le procureur de la République.
Récemment, le prénom breton Fañch a fait l'objet d'un aller-retour devant la justice. Une chambre civile du tribunal de Lorient s'est prononcée lundi en faveur de l'utilisation du tilde (~) dans le prénom breton Fañch qui avait été refusé par le parquet de Lorient. Cette décision de justice annule ainsi la rectification de l'état civil de l'enfant né en juin 2023.
Le prénom Fañch (François en français) a, à plusieurs reprises, provoqué des procédures judiciaires pour ce tilde légalement indésirable. À chaque fois, la justice avait validé l'utilisation de ce signe qui "n'est pas inconnu de la langue française" comme le soulignait en novembre 2018 la cour d'appel de Rennes. Mais malgré des promesses récurrentes, la circulaire ministérielle de 2014, invoquée par le procureur de la République, listant les signes autorisés sur certaines lettres (accents, tréma, cédille... mais pas le tilde) n'a jamais été modifiée et le problème demeure.