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"Ça fait branché": l'Académie français s'inquiète de l'explosion du "franglais" dans les institutions

L'Académie française à la tombée de la nuit à Paris.

L'Académie française à la tombée de la nuit à Paris. - Flickr - CC Commons - Jorge Lascar

Mairies, universités, musées... Dans un rapport ce mardi, l'Académie française exprime son inquiétude par rapport à l'utilisation excessive de l'anglais dans la communication institutionnelle.

Data, start-up, drive... Ces dernières années, les anglicismes fleurissent dans la communication institutionnelle, et cela inquiète particulièrement l'Académie française. Plusieurs de ses membres s'alarment, dans un rapport rendu public ce mardi, de leur utilisation de plus en plus massive dans les mairies, les ministères, musées, universités et autres entreprises françaises.

Dans ce rapport relayé par le Figaro, l'Académie française pointe "un usage massif" de mots anglais ou d'anglicismes, c'est-à-dire de mots français dérivés de l'anglais. "Leur afflux massif, instable, porte atteinte à l’identité et éventuellement à l’avenir de notre langue", regrettent les Immortels.

Syntaxe bousculée, néologismes...

La commission, composée de Gabriel de Broglie, Florence Delay, Danièle Sallenave, Dominique Bona, Amin Maalouf ou encore Michael Edwards, déplore des "chimères lexicales composites assez indéfinissables". En effet, selon elle, ce recours à l'anglais mène à la création de néologismes, ou à l'emploi de mots anglais à mauvais escient.

Avec le franglais, la syntaxe traditionnelle des phrases est souvent bousculée, les articles et les prépositions viennent à disparaître. De mauvais usages qui ont, selon l'Académie française, "des conséquences d’une certaine gravité sur la syntaxe et la structure même du français".

Plus encore, l'Académie française redoute une fracture sociale et générationelle, car les Français sont loin de tous maîtriser l'anglais, notamment chez les plus âgés. "Le vocabulaire anglo-américain est souvent considéré à tort comme bien connu du public en général", s’agace encore l’Académie.

La crainte d'une fracture sociale

Dans le document, elle rappelle que l'accès à l'anglais "ne touche qu’une frange réduite, privilégiée, éduquée, de la population". Ainsi, y avoir recours de façon massive dans la communication institutionnelle risque de créer "une insécurité linguistique".

Par ailleurs, elle ne manque pas de railler les slogans publicitaires utilisés par ces institutions. "Il y a eu une dégradation des slogans depuis les années 1980", note-t-elle. "L’anglais est devenu le nouvel espéranto. Les publicitaires pensent que ça fait branché d’utiliser des jeux de mots avec des anglicismes, or c’est une fausse bonne idée."

Elle met enfin en garde: "Il importe de ne pas s’accommoder complaisamment d’une uniformisation et d’une simplification excessives, de ne pas entrer dans un moule unique, se laisser entraîner vers une pensée unique".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV