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Société

Blocage à Montparnasse: pourquoi le "plan B" de la SNCF a mal fonctionné

Le trafic est interrompu à Montparnasse.

Le trafic est interrompu à Montparnasse. - AFP

La panne géante survenue dimanche gare Montparnasse a suscité l'ire des voyageurs et de la ministre des Transports. Mais comment en est-on arrivé à une telle situation d'interruption totale du trafic?

Les pannes SNCF, le défaut d'information avec à la clé des heures de retard, les usagers du réseau ferré français connaissent. Une nouvelle fois, une panne a paralysé le trafic gare Montparnasse dimanche. Il s'agissait en l'occurrence d'un bug informatique survenu à 12h30. Selon un communiqué du ministère des Transports, la cause de cette pagaille incombe à "un dysfonctionnement informatique sur un poste d'aiguillage, détecté à l'issue des travaux réalisés sur ce poste durant le week-end".

Panne très différente de celle de juillet

Notre spécialiste des transports Gérard Feldzer, comme le ministère, insiste sur le fait que "la panne de dimanche n'a rien à voir avec celle d'il y a quatre mois". D'une part, les circonstances diffèrent. Dans le premier cas, "il s'agissait d'un problème de câblage", alors qu'ici il s'agissait d'une opération de maintenance planifiée de longue date. D'autre part, la cause de la panne a été identifiée beaucoup plus vite: soit une paire d'heures contre trois jours en juillet dernier.

Des points communs se révèlent néanmoins sur le mode d'un "peut mieux faire" pour la SNCF dans sa gestion de la crise. "La panne a la même origine c'est à dire augmenter les capacités, faire passer les trains dans les sillons au bon endroit, au bon moment. Ça nécessite de gérer des millions d'informations informatiques et si l'on modifie l'un des paramètres, ça peut interférer avec d'autres ordinateurs qui ne sont pas d'accord et qui, par sécurité, bloquent le système", note Gérard Feldzer. "Là il y a eu un bug informatique avec, derrière, une réaction en chaîne. Le problème est que des recommandations formulées l'été dernier (un rapport avait été rendu il y a quatre mois, NDLR) ont du mal à se mettre en route." 

Le problème reste que mettre en pratique ces recommandations prend du temps et coûte beaucoup d'argent. "La ministre voudrait que la SNCF investisse trois milliards d'euros pas an. Mais c'est en gros le prix des retards", pointe Gérard Feldzer. 

Bruno Garzeau, président de la Fédération des associations d'usagers des transports, évalue pour sa part à "1,5 milliard d'euros par an le coût des dysfonctionnements".

Un train prend le départ toutes les 6 minutes

La difficulté, souligne encore Gérard Feldzer est de "réaliser les travaux tout en maintenant le trafic". Il fait remarquer que "deux milliards de voyageurs" prennent le train en France tous les ans, ce qui implique "un départ toutes les six minutes". Ce problème, note le spécialiste, révèle "un défaut d'anticipation" entre des "services cloisonnés". 

Quant au plan "B", à savoir la déviation du trafic vers la gare d'Austerlitz, tout est question d'appréciation. Si comparativement à juillet dernier, il a fonctionné, des progrès restent à faire puisqu'"il n'y avait qu'un train par destination par heure dimanche, ce qui n'est pas suffisant pour absorber tout le trafic." Entre le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet qui juge que la panne "a été beaucoup mieux gérée" et la ministre Elisabeth Borne qui la trouve "inacceptable", le jugement porté sur l'incident est très différent.

David Namias