Assommés par le bruit, les riverains de Roissy et Orly, "obligés de se taire pour laisser les avions passer"
Deux aéroports, mais un même combat. Près de Roissy et d'Orly, les riverains alertent sur les nuisances aériennes qu'ils subissent. A proximité de Roissy, les riverains s'inquiètent de la construction du Terminal 4, dont la concertation vient d'être lancée. Ce projet prévoit d'accueillir jusqu'à 40 millions de passagers supplémentaires par an pour une ouverture complète à l'horizon 2037.
Il a pour but de répondre à la croissance du trafic aérien et d'accroître les capacités d'accueil des passagers qui seront saturées dans les prochaines années, selon Aéroports de Paris (ADP).
"Personne ne vit ce qu'on vit"
Les riverains, invités à découvrir le projet au cours de réunions publiques craignent surtout un accroissement du bruit, qu'ils subissent déjà.
"Personne ne vit ce qu'on vit. On est obligé de se taire pour laisser les avions passer. Vous voyez un avion passer, l'autre arrive. Et c'est comme ça toute la journée. Ils me font bien marrer en disant à l'horizon 2037 on n'aura plus tout ça. Avec davantage d'avions, je ne sais pas comment on fera", s'agace une habitante.
Les services de l'aéroport, qui se défendent de dépasser le seuil réglementaire en termes de nuisances sonores, assurent prendre les craintes des habitants au sérieux.
"On va pouvoir dans la concertation discuter avec les services de la navigation aérienne sur les questions de trajectoire, de procédures qui contribuent à diminuer la gêne. Et puis on travaille sur d'autres axes qui permettent aussi de diminuer la gêne, comme des programmes d'insonorisation", explique Amélie Lummeaux, en charge de l'environnement au groupe ADP.
Plus de bruit à Orly à cause de plus gros avions
Du côté d'Orly, pas de projet de nouveau terminal à l'horizon mais là aussi les nuisances aériennes sont bien présentes. Environ 500 personnes, riverains et élus, ont manifesté ce week-end à l'aéroport pour dénoncer un accroissement de ces nuisances.
Outre le respect du couvre-feu aérien entre 23h30 et 6 heures du matin, ils appellent à une baisse du nombre de rotations des avions et à la limitation du vol des gros porteurs, des avions plus gros et plus bruyants.
"A Orly, on cherche à augmenter la capacité de l'aéroport en général par la capacité des avions, en remplaçant des moyens porteurs par des gros porteurs, ça a une incidence fondamentale", insiste Didier Gonzales, maire de Villeneuve-le-Roi et président de Bruitparif, rappelant qu'à Orly, "les habitants étaient là avant l'aéroport".
"Si on continue à développer les gros porteurs, on va vers des conséquences sanitaires absolument préoccupantes", ajoute l'élu.
Des conséquences sur la santé
Car au-delà de la gêne, le bruit peut à terme avoir des conséquences sur la santé. Bruitparif vient d'ailleurs de publier une étude mettant en évidence les impacts sanitaires du bruit des transports en Ile-de-France, en se basant sur les seuils de bruit recommandés à l'OMS à ne pas dépasser.
Selon cette étude, les habitants exposés à la fois aux nuisances sonores de la route et des aéroports peuvent perdre jusqu'à 3 années de vie en bonne santé à cause du bruit. L'exposition chronique au bruit peut en effet à terme entraîner des perturbations du sommeil et des troubles cardio-vasculaires.
"Il y a bien un impact sanitaire sur les populations exposées à des niveaux de bruit intenses. Il faut maintenant que l'Etat dirige et protège les habitants aux alentours des aéroports, de façon à ce qu'on puisse obtenir des conditions de vie plus favorables", réclame Didier Gonzales.